L'actualité du livre
Essais & documentset People / Spectacles  

Le Mythe Madonna
de Georges-Claude Guilbert
Nouveau monde 2004 /  25 €- 163.75  ffr. / 378 pages
ISBN : 2847360506
FORMAT : 14 x 23 cm

L'oeil de l'universitaire

Il ne faut pas se fier à l’emballage. Le choix du titre, d’un patchwork de photos un peu datées, et de la mention « biographie » en quatrième de couverture pourraient laisser penser qu’il s’agit là d’un énième livre surfant sur la vague toujours porteuse qu’est Madonna. Il n’en est rien. L’auteur enseigne la littérature américaine et la culture populaire à l’université de Rouen. Son livre est paru en 2002 aux Etats-Unis sous le titre plus explicite de Madonna as postmodern myth. Depuis vingt ans, Guilbert prend des notes, interroge les différents avatars de la star, dissèque son sujet d’étude, qu’il a senti très tôt symbolique de la postmodernité. L’essai qui paraît aujourd’hui est le résultat d’un énorme travail, très documenté, que tout fan doit sans réserve se procurer.

« Dans la presse, le moindre journaliste se comporte sans scrupule en madonnalogue averti. C’est naturel, le propre du mythe est d’appartenir à tout le monde » (p. 132). Deux lignes directrices guident cet essai : Madonna est un mythe, Madonna est postmoderne. Le livre commence très logiquement par définir en détail ces deux notions, sur une trentaine pages («  […] un des éléments essentiels de la pratique architecturale postmoderne est la réappropriation de l’histoire : on ne rejette plus les réalisations du passé, on les recycle. »). Après cette entrée en matière éclairante, Guilbert déroule son analyse selon quatre grands thèmes « madonnesques » : le recherche de la starité, la contradiction vierge / vamp et maman / putain, le travestissement et les miroirs de l’Amérique. Tout au long de l’ouvrage, l’analyse des clips, des interviews, du traitement médiatique de Madonna vient nourrir la réflexion de l’auteur et étayer sa thèse. Ce faisant, il montre aussi à quel point ceux qui persistent à ne voir en Madonna qu’une vulgaire provocatrice en quête de respectabilité au seuil de l’âge mûr, font fausse route.

« Les sociétés prémodernes cherchaient à apaiser les esprits par des récits fabuleux, c’est-à-dire des mythes prémodernes. Les modernes rêvaient de rationaliser le monde par des métarécits universels, c’est-à-dire des mythes modernes. Madonna (un mythe postmoderne) déconstruit toutes les certitudes, mais tisse de l’une à l’autre une toile de métafictions qui nous protège de l’angoisse de cette déconstruction. » Exigeant mais accessible, Le Mythe Madonna donne une clé de lecture intelligente de la star, et de l’époque.

Anne Bleuzen
( Mis en ligne le 24/08/2004 )
Droits de reproduction et de diffusion réservés © Parutions 2024



www.parutions.com

(fermer cette fenêtre)