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DOSSIER DESERT - Introduction



Dossier présenté par Jeanne de Ménibus,



A chacun son désert

Constante, immuable, la même question surgit toujours : "le désert ? Mais qu’allez-vous donc y faire ? Il n’y a rien à y voir : du sable, du sable, toujours du sable". Tenace, ce préjugé se répand comme une trainée de poudre, allant jusqu’à contaminer certains écrivains : le désert ? "Des cailloux, des cailloux, des cailloux", clame Morgan Sportès dans Solitudes.

Lieu de l’aridité, de l’immensité, il déroute : "tout y est rapetissé sous une lumière amoindrie" (Pierre Loti, Le Désert). Mais la vie s’y fait tenace, plus que partout ailleurs. Et à ceux qui s’y attardent il dévoile sa profondeur : un visage éternel mais toujours changeant.

Car, loin d’être le lieu d’une réalité immuable, le désert est porteur de l’infinie variété. Loin d’être le lieu de la solitude absolue, il est celui des rencontres les plus riches. C’est sans doute la raison pour laquelle, il n’est pas un visiteur qui, sorti de son microcosme, n’en revienne transformé et avide de sa sérénité. D’Alain Sèbe à Daniel Popp, de Loti à Théodore Monod qui sut, dès sa première croisade de sable "qu’un magnétisme étrange l’y retenait" (Maxence au désert), il laisse rarement insensible car il n’est jamais avare de lui-même : chacun peut le faire sien, à condition de s’ouvrir, pour à son tour s’y découvrir. Une optique que de nouveaux supports pratiques (Objectif aventure) s’attachent à rendre plus aisée.

Source de tous les mirages il fascine les scientifiques, en quête de ses fossiles immémoriaux, de ses phénomènes géologiques déconcertants, de ses joyaux naturels, ou de ses oasis légendaires, à l’image de Zerzura. Tableau magique et fluctuant, il est une terre promise pour les poètes, les artistes (Titouan Lamazou, Raymond Depardon, Rêve de déserts), les photographes (Alain Sèbe, Brèves de désert, Jean-Luc Manaud, Le Désert nu, Charles Henneghien, Sahara), les rêveurs.

Mais il faut y goûter, au rythme des chameaux "craintifs, ronchonots, mais plein de coeur (Odette du Puigaudeau, Le Sel du désert) pour entendre l’écho des "rumeurs dans le silence" (C. Henneghien), contempler l’oscillation d’une dune sous une rafale inatendue, s’imprégner d’une voûte céleste où "des nuages violets ourlés d’or flottent à l’occident et des plaies de feu déchirent le fond sombre" (T. Monod).

A travers ces livres, venus de plumes et de focales conquises, nous vous invitons à lire son âme, "comme les mots d'une histoire dont chaque dune, chaque caillou serait un signe, un langage aux dimensions de l'espace et du temps" (D. Popp).


Jeanne de Ménibus
( Mis en ligne le 02/07/2001 )
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