L'actualité du livre
Documentaireset Historique  


Tibet, le choix de la non violence
de Ludovic Segarra
France Télévisions Distribution 2004 /  3.51 € - 23 ffr.
Durée film 112 mn.
Classification : Tous publics
Sortie Télévision : 1995, France

Version : DVD2/PAL
Format vidéo : 1.33
Format image : 4/3
Format audio : Français Stéréo
Sous-titres : Français sourds et malentendants

DVD
Documentaire historique : "Tibet, Histoire d'une tragédie"

Bonus :
Conférence du Dalaï-Lama à Paris le 12 octobre 2003 : " Paix intérieure, paix universelle"
Liens Internet sur la partie DVD-Rom



Les premières images du Tibet datent de 1938 et on les doit à la mission Sheffer envoyée par le 3ème Reich. On y découvre des scientifiques allemands obnubilés par les mesures de tous ordres : nez, cou, monuments, sommets, tout est bon. En voyant ces images, on ne peut s'empêcher de penser aux récits que fit Alexandra David-Néel de ses voyages au Tibet dans les années 1920 et 1930.

Dans les années 1940, les Britanniques, conseillers du pouvoir tibétain, filment en couleur les premières images du nouveau Dalaï-Lama, 14ème du nom, âgé de 5 ans et qui arrive à Lhassa dans un palanquin d'or. L’ambassadeur britannique offre alors une voiture à pédales au nouveau dieu-roi tibétain. On doit ensuite de nombreuses images des cérémonies traditionnelles tibétaines à l'alpiniste autrichien Heinrich Harrer (le personnage de Brad Pitt dans Sept ans au Tibet de Jean-Jacques Annaud) qui deviendra l'ami du Dalaï-Lama.

Très rapidement pourtant, le côté pittoresque et bon-enfant d'un pays totalement fermé, qui ne semble pas avoir évolué depuis des siècles, cède la place à l'envahissante et oppressante présence chinoise. La simple trame historique du documentaire "Tibet, histoire d'une tragédie" de Ludovic Segarra montre la volonté chinoise de faire disparaître toute identité tibétaine. Depuis l'accession au pouvoir de Mao Zedoung en Chine en 1949, jusqu'à la colonisation chinoise actuelle toujours plus massive du Tibet, en passant par les dix années terribles de la révolution culturelle qui verra l’anéantissement de très nombreux monastères tibétains où tout est mis en œuvre pour gommer les spécificités tibétaines, l'avancée chinoise est inexorable.

La Chine considère le Tibet comme l’une de ses provinces. Ce ne sont pas les hautes montagnes himalayennes qui peuvent servir de barrière à ses ambitions : dès 1950, les Chinois construisent des routes passant à plus de 5000 mètres pour venir libérer leurs frères tibétains de l'impérialisme occidental. Cette présence s'accompagnera d'une volonté de transformer le Dalaï-Lama ainsi que le Panchen Lama, numéro 2 dans la hiérarchie tibétaine en fonctionnaires chinois. C'est un échec malgré une présence plus ou moins forcée d'un an à Pékin. Tout le Tibet redoute alors de ne jamais les revoir...

Après une première visite en Inde en 1956, alors qu'explosent les premières révoltes tibétaines contre l'occupation chinoise, le Dalaï-Lama choisit de s’y exiler en 1959. L'ampleur des révoltes n'a d'égale que la violence de la répression : 10 000 morts à Lhassa et 100 000 au Tibet.
De Dharamsala où il a nommé un gouvernement tibétain en exil et élaboré une constitution démocratique, le Dalaï-Lama prêche la non-violence. Au Tibet, le cercle infernal des révoltes, de la répression et de la famine ne le cède qu'à la colonisation de plus en plus massive des chinois. Mais, dès 1980, Lhassa est devenue une ville chinoise, à tel point qu’en 1990, la population chinoise au Tibet se révèle plus importante que la population tibétaine. Parmi les épisodes marquants : le parallèle entre l'exil du Dalaï-Lama, qui reçoit le prix Nobel de la Paix en 1989, et le Panchen-Lama qui meurt à Pékin où il était en résidence surveillée après 15 ans de prison...

Après avoir vu ce documentaire on ne peut que devenir un opposant farouche à la présence chinoise au Tibet. Ce document, qui date de 1995, aurait sans doute mérité une actualisation pour sa sortie en DVD en 2004. Si le titre du DVD, Tibet, le choix de la non violence est ambitieux, il semble un peu artificiel, puisqu'il résulte simplement du regroupement sur un même support du documentaire lui-même et de la conférence "Paix intérieure, paix universelle" donnée par le Dalaï-Lama à Paris en octobre 2003. La question de la portée de la non-violence reste sans réponse.


Judicaël Tracoulat
( Mis en ligne le 28/06/2004 )
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