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Tosca
de Giacomo Puccini
avec Benoît Jacquot, Angela Gheorghiu, Roberto Alagna, Ruggero Raimondi
TF1 Vidéo 2002 / 
Durée DVD 145 mn.
Durée film 120 mn.
Classification : Tous publics
Format image : 1.85 d'origine respecté. Ecran 16/9 compatible 4/3.
Format son : DTS 6.1, Dolby Digital Surround 6.1

Bonus :
* Accès par scène musicale
* Bande annonce
* Présentation des costumes par Christian Gasc
* Galerie de photos



Rome, printemps 1800. Un prisonnier politique s'évade du Château Saint-Ange et trouve refuge dans l'église où travaille le peintre Mario Cavaradossi (Roberto Alagna). Ce dernier, qui attend l'arrivée de sa maîtresse la cantatrice Floria Tosca (Angela Gheorghiu), lui offre de se cacher dans sa maison. Soudain, un coup de canon retentit : l'évasion a été découverte. Le terrible Scarpia (Ruggero Raimondi), chef de la police, va bientôt soupçonner Cavaradossi d'avoir aidé le fugitif et ourdit un plan diabolique : se servir de Tosca pour confondre le coupable tout en la pliant à son désir. Mais "le baiser de Tosca" peut être mortel...

Opéra d'amour, de sang et de mort, Tosca, créé en 1900, a immédiatement connu un immense succès populaire, qui ne s'est depuis jamais démenti. Resserrement de l'action autour de trois personnages, concision du propos mettant en jeu des forces dramatiques élémentaires, construction architecturée en trois temps et lieux distincts : l'oeuvre de Puccini est un modèle de clarté et d'efficacité. Pas étonnant que le plus bressonnien des cinéastes français ait souhaité la transposer sur grand écran. En outre, ce théâtre de la cruauté (jusque dans sa conclusion tragique : la mort des trois protagonistes) offrait à Benoît Jacquot matière à assouvir sa fascination pour les zones d'ombre de l'âme humaine. Avec le soutien du producteur Daniel Toscan du Plantier, spécialiste du film d'opéra (Don Giovanni de Losey, Boris Godounov de Zulawski, Madame Butterfly de Frédéric Mitterrand, c'était lui), et un plateau vocal luxueux réunissant l'actuel couple vedette de l'art lyrique et l'un des plus grands baryton du siècle, la cause paraissait entendue : le Tosca de Jacquot-Puccini serait un chef-d'oeuvre.

La déception est donc grande devant cet objet cinématographico-opératique non identifié. Apparemment soucieux de rompre avec les codes du genre, le cinéaste a choisi de truffer son film d'éléments narratifs hybrides, histoire de bien montrer que l'on n'est pas (que) sur une scène d'opéra. Ainsi met-il en place un va-et-vient apparemment aléatoire entre l'action en costumes et l'enregistrement de l'oeuvre en studio (le chef Antonio Pappano, les chanteurs et les musiciens de l'orchestre de Covent Garden sont filmés en noir et blanc). Ce parti-pris que rien ne semble justifier a pour effet désastreux d'escamoter l'entrée en scène des personnages, systématiquement filmée en studio, et de saborder la tension finale (après le suicide de Tosca, on enchaîne sur le soupir en studio d'une Gheorghiu toute pimpante tandis que les musiciens s'interpellent et rangent leurs instruments). Autres bizarreries tout aussi gratuites et du dernier kitsch : des inserts sur un élément du décor filmé de façon saccadée, dans une image volontairement "sale" ; la transformation de certains apartés chantés en monologue intérieur (le chanteur se fait ventriloque) et la récitation parlée de certaines phrases incluses dans un air chanté (cf. duo d'amour de l'acte I), hommage touchant au Joe Dassin de l'Eté indien. Ajoutons à cela un play-back plus que sommaire, franchement gênant dans les gros plans, une photographie très artificielle, éclairée sans finesse, et on se dit que l'achat du double CD suffit largement à notre bonheur - car, du moins, l'interprétation musicale est exemplaire, tant à l'orchestre que chez les chanteurs. La version filmée de référence reste la Tosca en décors naturels de Brian Large (1995) où Raimondi - déjà - campait un Scarpia d'anthologie.

Ultime regret avec les bonus : certes, les costumes sont très beaux mais leur présentation détaillée aurait pu être sacrifiée au profit, par exemple, d'un entretien avec le réalisateur ou de ses commentaires audio.

Pierre Brévignon
( Mis en ligne le 21/05/2002 )
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