L'actualité du livre
Filmset Comédie  


Once we were strangers
de Emanuele Crialese
avec Vincenzo Amato, Lynn Cohen
France Télévisions Distribution 2004 /  3.05 € - 20 ffr.
Durée film 90 mn.
Classification : Tous publics
Version : Zone 2/PAL
Format vidéo : 1.77
Format image : 16/9 compatible 4/3
Format audio : Anglais et français (Stéréo PCM)
Sous-titres : français



Antonio vit à New York au jour le jour, entre son boulot de cuistot et des rencontres de hasard. Il tombe sous le charme d’Ellen, une animatrice de radio qui passe par là, et décide d’entrer dans sa vie. Le problème, c’est qu’elle doit déménager à Paris au plus vite. Antonio va-t-il réussir à la retenir malgré tout ? Et Apu, son ami indien, pourra-t-il vivre le grand amour avec sa femme Devi, tout juste débarquée du pays natal et qui ne comprend pas grand-chose à l’american way of life ?

Avec cette comédie romantique new-yorkaise, à la fois drôle dans la forme et sérieuse dans le fond, l’Italien Emanuele Crialese a réalisé un premier film attachant, avant de repartir en Sicile pour tourner Respiro, Grand Prix de la Critique au festival de Cannes 2002. Dans ce coup d’essai, le réalisateur révèle déjà de belles qualités, à commencer par une légèreté et un humour rafraîchissants. Même dans des situations difficiles, ses personnages gardent toujours un certain ressort, comme si la petite musique entraînante qui revient régulièrement les aidait à tout surmonter. Leurs aventures, qui prennent souvent une pente assez burlesque, deviennent parfois hilarantes. Le sommet du genre est atteint dans une scène où les deux hommes font du doublage de voix pour un film porno très « ethnique », avec accents arabes, français, indiens et italiens à la clé ! Surréaliste et mémorable…

Mais Emanuele Crialese ne se contente pas de jouer les cartes du comique et de la romance, il questionne aussi le « rêve américain ». Même dans une ville aussi cosmopolite que New York, les immigrés ne sont pas traités en égaux : à eux les petits boulots, les logements vétustes, les remarques blessantes… On exploite leur « exotisme » charmant, mais on s’en débarrasse s’ils deviennent gênants. Le petit chien abandonné, qui passe d’une main à l’autre mais dont personne ne veut, prend l’allure d’un symbole de leur condition précaire. Eux-mêmes semblent hésiter : sont-ils encore des étrangers ? Pour devenir un « vrai » Américain, faut-il oublier d’où l’on vient ? Tranquillement, le réalisateur milite au contraire pour que les cultures d’origine ne soient pas effacées, noyées dans l’uniformisation des comportements, des vêtements, des modes de vie… Un message humaniste et sympathique, mais qui reste lucide sur une réalité moins tendre.

Once we were strangers parle donc de rencontres avec l’Amérique, grand pays d’abord idéalisé. En parallèle, il décrit les rencontres entre les personnages, avec autant de gentillesse et de réalisme : tout est possible, mais rien n’est simple, les rêves se heurtent à des barrières, mais on peut espérer les franchir. Par choix ou par obligation, il faut en tout cas tenter de saisir les chances qui passent. Un discours qui n’a rien de novateur, mais présenté sous cette forme à la fois agréable et assez optimiste, il se laisse écouter. On regrettera d’autant plus l’absence de tout bonus sur ce DVD : partir à la rencontre du réalisateur et des acteurs semblait une évidence, après un film de ce genre ! Tant pis, nos chemins se croiseront un autre jour…


Ludovic Ligot
( Mis en ligne le 08/03/2004 )
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