L'actualité du livre
Filmset Drame  


Madame Bovary (1991)
de Claude Chabrol
avec Isabelle Huppert, Christophe Malavoy, Jean-François Balmer, Jean Yanne, Jean-Louis Maury, Lucas Belvaux
MK2 2002 / 
Durée film 140 mn.
Format image : 1:66. Ecran 16/9e compatible 4/3
Format son : Mono
Durée : 140 minutes

Bonus :
* Présentation du film par Joël Magny
* La leçon de cinéma de Claude Chabrol : cinq scènes commentées.
* Interview d’Isabelle Huppert
* Documentaire sur les figurants de Madame Bovary (version Jean Renoir et Claude Chabrol)
* Extrait de la scène des comices agricoles du Madame Bovary de Jean Renoir (1933)
* Extrait de l’émission "Les Bonnes adresses du passé" (1962) consacrée à Gustave Flaubert
* Bandes-annonces de la collection Chabrol / MK2


Cinéaste prolifique – il en était, à l’époque de Madame Bovary, à son cinquantième opus en trente ans de carrière ! -, Claude Chabrol n’a jamais caché la fascination qu’il éprouvait pour un certain type de personnage féminin : de Violette Nozières à Betty, d’Hélène Desvallées (La Femme infidèle) à la Juliette du Cri du hibou ou à la faiseuse d’anges d’Une affaire de femmes, l’héroïne chabrolienne se définit par une façon d’être absente au monde, rongée de mélancolie comme à son insu, qui trouve son incarnation la plus convaincante chez les deux « égéries » du cinéaste : Isabelle Huppert et Stéphane Audran.

Adapter au grand écran Madame Bovary, c’était pour Chabrol se heurter au modèle archétypal de cette héroïne. Et – par excès de prudence face au monument flaubertien ? - le choc semble perpétuellement différé tout au long des 2 h 15 de ce film aussi sage et académique qu’une « dramatique » des temps de l’ORTF – impression renforcée par la voix-off de François Périer, dont les interventions curieusement disséminées au fil des scènes appellent irrésistiblement la vision d’un vieil oncle faisant la lecture au coin du feu.

Certes, adapter ne signifie pas nécessairement être irrespectueux ; mais ici, Chabrol renonce à imposer sa patte et se contente d’une lecture redondante et pléonastique du roman de Flaubert. Isabelle Huppert elle-même semble rétive à investir complètement son personnage – mais comment investir un être aux contours aussi incertains ? Au final, on obtient un film merveilleusement mis en image (magnifique photo signée du fidèle Jean Rabier), à l’interprétation inégale (Balmer et Malavoy sont formidables, tout comme le rare Jean-Louis Maury dans le rôle de Lheureux ; Jean Yanne et Lucas Belvaux paraissent manifestement gênés aux entournures), traversé de véritables tunnels (interminable scène du bal à la Vaubyessard). Comment filmer l’ennui sans être ennuyeux ? Chabrol, qui y était jusque-là parvenu grâce à sa causticité et à son sens de la distance, n’a pas trouvé la réponse pour faire sien le chef-d’œuvre Flaubert.

Les compléments de cette édition – qui propose dans sa version « Collector » un exemplaire du roman – sont d’un intérêt variable : on retient surtout la présentation succincte mais éclairante de Joël Magny (auteur, entre autres, d’un très bel essai sur Chabrol, éd. Cahiers du Cinéma) et les cinq scènes commentées par le cinéaste, toujours très en verve.

Pierre Brévignon
( Mis en ligne le 29/10/2002 )
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