L'actualité du livre
Filmset Drame  


La Quête mystique de l'Eldorado
de Werner Herzog
avec Klaus Kinski, Cecilia Rivera, Ruy Guerra
Opening 2004 /  3.51 € - 23 ffr.
Durée DVD 183 mn.
Durée film 90 mn.
Classification : Tous publics
Aguirre est aussi disponible dans un coffret regroupant Aguirre, la colère de Dieu, Cœur de verre, Signes de vie, Woyzeck, et un DVD bonus au prix de 70 euros

Sortie cinéma : 1972, RFA
Titre original : Aguirre, der Zorn Gottes

Version : zone 2
Format vidéo : 4/3
Format image : 1.33
Format audio : français (dolby 2.0 mono), allemand (dolby 2.0 mono)
Sous-titres : français

DVD 1
Le film
La version commentée par Werner Herzog et Norman Hill

DVD 2
Last words (court-métrage de 1967)
Je suis ce que sont mes films (documentaire de 1978)
Interview de Pierre-Henri Deleau
Interview de Werner Herzog



S’inspirant du journal d’une expédition tenu par un moine espagnol du XVIe siècle, le cinéaste allemand, Werner Herzog, invente une toute autre histoire. Celle d’une mission, conduite en 1560 par Gonsalo Pizzaro, partie à la recherche du mythique royaume d’Eldorado.

L’impressionnante contre plongée du premier plan du film suit la progression de l’équipée, composée de conquistadores et d’esclaves, serpentant les chemins d’une montagne à pic. Devant les difficultés, dues à la nature hostile et la menace d’indiens invisibles, un groupe d’éclaireurs est désigné pour naviguer sur le fleuve Amazone en radeaux. Don Aguirre de Lope (Klaus Kinski) obnubilé par cette promesse d’or et de pouvoir, formante rapidement une rébellion en s’opposant aux ordres de Don Pedro de Uerta (le cinéaste Ruy Guerra). Aguirre, qui prétend incarner la colère de Dieu, entraîne donc ses compagnons vers une mort inexorable et le vertigineux dernier plan le filmant seul tel l’empereur d’un royaume imaginaire sans sujets, hormis les singes qui envahissent l’embarcation, traduit magnifiquement sa folie et son hystérie.

L’incontrôlable et inquiétant Klaus Kinski joue à la perfection cet homme atteint de délires mégalomanes et barbares. La colère de la nature et son angoissante tranquillité se reflètent à tour de rôle dans ce personnage à la fois inspiré du vrai Don Lope de Aguirre et d’un dictateur de Zanzibar. Ce film, réalisé en 1972, marqua la première collaboration entre le cinéaste et cet acteur à laquelle succéderont quatre autres collaborations. En 1999, Werner Herzog réalisa même un documentaire, Ennemis intimes, retraçant leur relation passionnelle, faite de haine et de respect, revenant notamment sur les monstrueuses colères de Kinski et sur sa menace de mort adressée à l’acteur pour rupture de contrat. Cette scène mythique a été d’ailleurs enregistrée et figure à la fin du documentaire Je suis ce que sont mes films. D’autres événements ont également alimenté la légende de ce tournage hors mornes qui failli être maintes fois compromis en raisons des conditions de tournage extrêmes dans une jungle humide et luxuriante, et de l’accident d’avion où a manqué de périr l’équipe du film.

Malgré tous ces aléas, le résultat est plus que probant car Werner Herzog réussit à trouver un parfait équilibre entre le documentaire et le film stylisé. Des scènes artificielles très figées revelant d’un esthétisme pictural, soulignées par la musique lancinante du groupe de Popol Vuh, alternent avec des scènes proches du documentaire. En effet, Werner Herzog insuffle du réalisme dans l’action en multipliant les gros plans, réalisés caméra à l’épaule, et en donnant une large part à l’improvisation et à la spontanéité. Ce film s’oppose en cela au classicisme d’El Dorado de Carlos Saura (1988) relatant également l’expédition commandée par Don Pedro de Ursua.

A travers cette allégorie de la condition humaine et de la cupidité, Herzog analyse le rapport de l’homme à la nature et l’errance existentielle qui constituent les thèmes moteurs de sa filmographie. Il se livre ainsi à un réquisitoire contre l’esclavagisme, la brutalité et l’obscurantisme des colonisateurs et contre l’église. Le cinéaste recrée à une petite échelle une dictature qui instaure un pouvoir fantoche, élimine des opposants et pratique des emprisonnements abusifs ainsi que des faux procès. Les stigmates de la deuxième guerre et les dictatures communistes, associés à la culpabilité et au traumatisme sous-jacents de la société germanique, sont ainsi prégnants.

Cette judicieuse parution de ce film en DVD permet de renouer avec le prolifique cinéma allemand des années 70-80 et les bonus apportent de précieux renseignements sur son tournage. Une passionnante version commentée plan par plan par Werner Herzog répondant aux questions de Norman Hill et une interview du cinéaste sont proposées. Les autres suppléments analysent le cinéma et la personnalité de Werner Herzog. Pierre-Henri Deleau, qui dirige actuellement le Fipa, décrit la découverte de ce cinéaste en France. Tandis que le documentaire Je suis ce que sont mes films, datant de 1978, offre un résumé en images de sa filmographie s’étalant de 1962 à 1977 et se divise en douze chapitres où Herzog parle de sa vie et de ses films. Un court documentaire, Last words, réalisé en 1967 lors du tournage en Grèce de Signs of life, suivant un vieil homme joueur de lyre, qui vécut de longues années dans une ancienne léproserie sur une île déserte, nous éclaire sur la genèse et l’orientation de son œuvre révélant une forme narrative déjà originale.



Corinne Garnier
( Mis en ligne le 01/06/2004 )
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