L'actualité du livre
Filmset Drame  


Mayrig / 588, rue Paradis
de Henri Verneuil
avec Omar Sharif, Claudia Cardinale, Richard Berry
TF1 Vidéo 2004 /  5.34 € - 34.99 ffr.
Durée DVD 315 mn.
Durée film 257 mn.
Classification : Tous publics
Sortie Cinéma : France, 1991 (Mayrig) / 1992 (588, rue Paradis)

Version : DVD 9/Zone 2
Format image : 16/9
Format audio : français (Dolby Digital 5.1, DTS, Stéréo 2.0)
Sous-titres : français pour sourds et malentendants

DVD Edition Collector

DVD 1
Mayrig, le film + chapitrage (137 min)

DVD 2
588, rue Paradis, le film + chapitrage (120 min)

DVD 3 : Bonus :
Making of, Naissance d’un film (56 min)
Bandes annonces originales.
Galerie de photos.
Lien internet.
Filmographies du réalisateur et des acteurs.



C’est l’histoire d’un petit Arménien ayant fui en 1921 ce qu’on n’appelait pas encore un génocide, pour les terres plus amènes d’un certain Hexagone. Avec ses parents, Hagop (O. Sharif) et Araxi (C. Cardinale) et ses deux tantes, Anna (I. Sadoyan) et Gayané (N. Roussel), le petit Azad Zakarian, pose le pied sur un quai de Marseille, et, dès lors, se souviendra de tout : la chambre louée à côté de voisins plus français mais peu amènes, les années d’école dans une institution prestigieuse pour laquelle la famille entière se saigne les veines, le charme d’un voisinage dans cette rue du Paradis où chaque numéro assigne à chacun sa place sociale.

Ce petit Azad Zakarian, c’est en fait le petit Achod Malakian, devenu au fil des ans un français «exemplaire» et l’un de nos plus grands réalisateurs. Car c’est sa vie qu’Henri Verneuil met ici en scène, en la déguisant à peine (Pierre Zakar, nom francisé du jeune arménien, devient un prestigieux dramaturge…), après l’avoir écrite dans ce qui devint un best-seller. Mayrig (Maman en arménien) édité chez Robert Laffont en 1985 s’est vendu à plus de 600000 exemplaires et a été traduit en dix langues.

Le présent coffret rassemble les deux films racontant l’histoire de cette famille, de son intégration, et l’ascension sociale du jeune Azad/Henri, entre Paris et Marseille. Un troisième DVD regroupe une série de bonus dont on retiendra surtout le très touchant making of, où toute l’émotion et l’engagement du cinéaste se lisent sur quelques larmes ou regards embrumés, en plus d’informations captivantes sur le tournage, la réalisation de décors bluffant, le jeu des acteurs, etc.

Comme le livre, le film est une vie racontée sur le mode romanesque, avec les qualités et les défauts du genre. On apprécie les ambiances à la Pagnol, cette nostalgie méridionale faite avant tout d’un grand amour maternel, même si parfois la corde sensible menace de casser, par des allusions trop appuyées, des messages poussifs sur l’intégration, les gens de peu, l’ascension sociale, le manque de valeurs d’une élite parisienne caricaturale, etc. En la matière, 288, rue du Paradis apparaît comme redondant au vue du premier opus, comme une démonstration qui se voudrait parfaite, en fait convenue, un CQFD de B.A-BA. La trajectoire du metteur en scène monté à Paris et, comme tout Rastignac, ayant perdu contact avec ses racines, piégé par les manigances d’une femme du monde déshumanisée, pour finalement revenir à la source, apparaît comme grossière, voire simpliste. On y voit certes un retour au passé sociologiquement observé chez les deuxième et surtout, troisième générations d’immigrés. Sans doute était-ce moins convenu il y a quinze ans… Les souvenirs juvéniles sont plus attendrissants : les parents et les deux tantes regroupés autour du garçon, pour à la fois entretenir les traditions familiales et l’aider du mieux possible dans son intégration française, sont bouleversants et criants de vérité.

Le sentiment est donc mitigé à la vision de ces trois DVD. Mayrig est un beau film qui aurait mérité de ne pas avoir de suite. Les deux œuvres sont ici parfaitement restaurées, avec une qualité de son incomparable, mettant en relief la musique de Jean-Claude Petit et la mise en scène de Verneuil. Quelques seconds rôles parsèment les deux récits pour notre grand plaisir : Zabou, Jacques Villeret, Ticky Holgado ou, méconnu à l’époque, Denis Podalydès, campant un jeune arménien assassin du ministre turc responsable du génocide, dans la scène d’ouverture.


Bruno Portesi
( Mis en ligne le 14/06/2004 )
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