L'actualité du livre
Filmset Policiers / Thrillers  


Tu quoque, fili mi
de Jacques Audiard
avec Niels Arestrup, Tahar Rahim
UGC Sony Pictures Home entertainment 2010 /  3.05 € - 19,99 ffr.
Durée film 149 mn.
Classification : - 12 ans
Sortie Cinéma, Pays : France, 2009
Sortie DVD : 17 Février 2010

Version : 1 DVD-9, Zone 2
Format vidéo : PAL, Format 1.85
Format image : Couleurs, 16/9 compatible 4/3
Format audio : Français Dolby Digital 2.0, 5.1 et 5.1 DTS
Sous-titres : Aucun


Bonus :
Aucun


Tout juste arrosé d'une pluie de Césars, Un prophète vient également de sortir en vidéo. L'occasion d'un beau moment de cinéma.

Malik (Tahar Rahim) vient d'arriver en prison pour un crime vague, voire même incertain. Au tout début du film, il semble se défendre d'avoir agressé un policier. Jeune, très jeune, il est une proie facile pour les prédateurs qui, ici, sont légions. A commencer par le gang des Corses, tenu par César Luciani (Niels Arestrup). Ce dernier l'adoube en le forçant à tuer un rival, un arabe, Reyeb. A l'occasion d'un deal très couleur locale (un joint contre une fellation), Malik trucide ce dernier à coups de lame de rasoir... et devient par-là plus corse qu'il n'est arabe.

Le temps passe et la prison accueille de plus en plus de ces métèques orientaux, peu au goût de César. Malik devient agent double, corse pour ceux-là, toujours trop arabe pour Luciani et sa bande. A leur insu, il apprend le patois chantant de l'Île de Beauté. Sous-fifre de César, il met à sa disposition ses quelques permissions, pour régler ses contes, faire avancer ses affaires... mais aussi les siennes propres. En grandissant en prison, Malik prend du grade et de l'assurance, caïd prêt à détrôner le parrain local...

Grand Prix du dernier Festival de Cannes, multi-césarisé donc, Un Prophète est un film de genre, l'itinéraire d'une brebis galeuse devenant loup dans ce microcosme étrange qu'est un centre de détention. Moins que la peinture sociologique de cet environnement hostile et très codé (présente, indispensable, mais en arrière-plan), c'est le parcours du jeune homme qui est traité ici. Malik (''le roi'' en arabe) détrônera-t-il l'empereur (César, tout puissant et trahi par sa chose) ? Ce choix scénaristique est judicieux, surtout au regard de la performance de l'acteur principal, magistrale (et elle aussi primée) : Tahar Rahmi subjugue dans ce rôle de garçon à la bouille d'ange, deux yeux noirs mais lumineux, fixant les ombres de la prison, son accoutumance, l'apprivoisement de la jungle par un jeune lion. Face à lui, Niels Arestrup est tout aussi phénoménal : la rage et l'imposante énergie de cet autre fauve sont impeccablement rendues par un acteur qui lui, maintes fois, a fait ses preuves. L'oeil d'Audiard fait le reste, mâtinant ce film noir à la française, ce polar des plus académiques, d'une patine onirique bienvenue (Reyeb est cet amical fantôme accompagnant Malik dans la solitude de sa cellule ; des rêves étranges le hantent, certains même prophétiques...).

Faut-il pour autant crier au chef d'oeuvre ? On a des doutes. Cette acclamation générale pourra paraître suspecte. N'y a-t-il pas dans ce concert des louanges comme le chant du cygne d'un cinéma français fatigué, et donc pris de spasmes dès que surgit quelque chose de tout simplement différent ?... N'y a-t-il pas aussi là le reflet de cette xénophobie intrinsèquement française, cette peur de l'autre qui peut parfois se travestir en admiration de bon aloi. Tahar aurait-il remporté tout récemment à la fois, et c'est inédit, le César du meilleur acteur et celui du meilleur espoir masculin – aussi impressionnant son jeu soit-il, et ces palmes, méritées – s'il ne s'était pas appelé Rahim et s'il n'avait pas incarné à l'écran un ''Arabe'' ? Un seul prix n'aurait-il pas suffit pour signaler son jeune talent ?...

Bruno Portesi
( Mis en ligne le 05/03/2010 )
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