L'actualité du livre
Filmset Horreur / Epouvante  


Raviolis de jouvence
de Fruit Chan
avec Myriam Yeung, Bai Ling, Tony Leung
Wild Side Video 2006 /  3.05 € - 19.99 ffr.
Durée film 87 mn.
Classification : - 16 ans
Sortie Cinéma, Pays : 2005, Hong-Kong
Titre original : Gauu ji

Version : DVD / Zone 2
Format vidéo : Pal 1.85
Format image : 16/9 compatible 4/3
Format audio : Français Dolby Digital 5.1 et DTS, Cantonais Dolby Digital 5.1 et DTS
Sous-titres : Français

Double DVD

DVD 1
Film dans sa version longue

DVD 2
- Film dans sa version moyen-métrage (36 min.), présent dans le collectif Trois extrêmes
- Making-of (15 min.)
- Interview de Bai Ling
- Galerie photos
- Filmographies


Quand on est une ex-star de feuilleton adolescent, que son mari convole avec des jeunettes, que les rides qui apparaissent sur le visage ne sont pas causées par de trop fréquents fous rires, que les produits cosmétiques classiques montrent leurs limites, il convient d’essayer une solution extrême, n’importe laquelle, quel qu’en soit le prix. Et c’est tante Mei qui la possède. Elle concocte de délicieux raviolis chinois, frits, en soupe ou à la vapeur au choix, à base de choux et de foetus humains. Les résultats sont immédiats et exceptionnels : regardez, à plus de soixante ans, elle en paraît trente et est toujours irrésistiblement sexy.

Sur ce pitch franchement série B, Fruit Chan réalise le tour de force de livrer un petit bijou d’horreur raffinée, tel un Wong Kar-Wai qui s’essayerait aux Contes de la Crypte. En effet, le gore reste discret et associé aux scènes de préparation culinaire, filmées en gros plan, souvent au ralenti, dans une atmosphère moite et sensuelle, faite de flous et de couleurs pastel. Le lien avec l’esthétique made in Hong Kong inventée dans Chungking express, qui réussit à faire des néons et des jours pâles une source de lumière exceptionnellement cinématographique, s’explique fort logiquement par la présence à la direction de la photographie de Nouvelle cuisine de Christopher Doyle, chef opérateur attitré de Wong Kar-Wai.

L’horreur devient belle, la transgression, séduisante. Et c’est cela qui est au cœur de Nouvelle cuisine. Le but de la consommation de ces recettes maléfiques est de rester sublime, de revivre perpétuellement la fleur de l’âge, d'être désirable à 40 ans passés. Le mythe de l’éternelle jeunesse est un sujet vieux comme la fiction et le confiner dans d’appétissants raviolis chinois est une fort jolie idée.

Mais à l’heure de la dictature de la féminité idéalisée, sans un gramme de graisse en trop, les folies qu’on fait endurer à son corps ne sont pas sans conséquence. Car, au-delà des ingrédients interdits, ce sont aussi des effets que naît la peur. Tout d’abord, ils sont bénéfiques. Peau éclatante, forme olympique, regain de libido. Mais un soir où toutes les copines de l’héroïne vantent la beauté irradiante de leur amie, une odeur de poisson pourri émane de son corps, comme un parfum de mort venant de l’intérieur. Et puis il y a l’addiction. Toujours plus, sans jamais s’arrêter, c’est le principe de base de la cosmétique. L’argent n’a pas d’importance, seule compte l’apparence qu’on fantasme.

Au-delà de l’image superbe, Nouvelle cuisine est merveilleusement construit, alternant séquences à haute tension sexuelle chez tante Mei et quotidien dépressif chez la mangeuse de raviolis. On peut toutefois se demander où réside l’intérêt de cette version longue (près d’une heure et demie) par rapport au moyen-métrage (environ quarante minutes) qui ouvrait avec brio le collectif Trois extrêmes, qui contenait deux autres sketches bien moins inspirés du Coréen Park Chan-Wook et du Japonais Takashi Miike. En effet, à part une paire de scènes ajoutées et d’autres allongées pour accentuer l’atmosphère ambiguë de malaise sensuel, la version longue n’apporte pas grand chose de plus. Car le Nouvelle cuisine version light, disponible sur le DVD de bonus (riche idée), se révèle bien plus dérangeant et percutant, à la fois excitant, drôle, horrible et délicieux, alors que le menu XL comporte un risque – faible tout de même – d’engendrer une indigestion.

Benjamin Roure
( Mis en ligne le 19/10/2006 )
Droits de reproduction et de diffusion réservés © Parutions 2024
www.parutions.com

(fermer cette fenêtre)