L'actualité du livre
Filmset Grands classiques  


Le second couteau
de Richard Fleischer
Editions Montparnasse 2008 /  3.43 € - 22.49 ffr.
Durée DVD 200 mn.
Classification : Tous publics
Sortie Cinéma, Pays : États-Unis, 1946-1952
Sortie DVD : 14 Octobre 2008
Titre original : Child of divorce, Armored Car Robbery, The Narrow Margin

Version : 2 DVD 9, Zone 2
Format vidéo : PAL, format 1.33
Format image : Noir & Blanc, 4/3
Format audio : Anglais, Français mono, Dolby Digital 2.0
Sous-titres : Français


DVD Edition Collector

DVD 1
- Armored Car Robbery
- L'énigme du Chicago Express

DVD 2
- Child of divorce
- L'Enigme du Chicago Express, scènes commentées par Nicolas Saada
- Armored Car Robbery, scènes commentées par Nicolas Saada
- Portrait d'un cinéaste de studio : Richard Fleischer par Bertrand Tavernier
- "Ciné-club", Alain Corneau et Bertrand Tavernier autour de 2 films noirs
- Child of Divorce par Bertrand Tavernier
- Armored Car Robbery par Bertrand Tavernier
- L'Enigme du Chicago Express par Bertrand Tavernier
- Un pro d'Hollywood, interview de Richard Fleischer par Claude Ventura et Philippe Garnier

L'auteur du compte rendu : Scénariste, cinéaste, Yannick Rolandeau est l’auteur de Le Cinéma de Woody Allen (Aléas) et collabore à la revue littéraire L'Atelier du roman (Flammarion-Boréal) où écrivent, entre autres, des personnalités comme Milan Kundera, Benoît Duteurtre et Arrabal.


Richard Fleischer (1916-2006) est un réalisateur de seconde main, un second couteau, capable de réaliser des oeuvres honnêtes, passant d'un sujet à un autre. Il est le fils de l'un des pionniers de l'animation, Max Fleischer, le producteur de Popeye et Betty Boop. Il tente de devenir acteur, mais il est engagé comme monteur de films d'actualités pour la RKO. Il réalise ensuite des courts métrages, puis des films de série B, et enfin des films à gros budget avec des vedettes, passant en cours de route à la Fox et à la MGM. Il est l'auteur de 20 000 lieues sous les mers (1954), Bandido caballero (1956), Le Voyage fantastique (1966), L'Étrangleur de Boston (1968) ou Soleil vert (1973).

Le premier DVD présente Armored Car Robbery (1950, 67 min.). Un lieutenant de police traque les gangsters qui ont réussi un hold-up d'un demi-million de dollars à Los Angeles. Grande limousine, nuit épaisse, chapeaux et feutres mous, nous sommes dans le film noir, en noir et blanc comme il se doit. En revanche, on devine l'influence du cinéma expressionniste dans ces éclairages contrastés. Le film a quelques vagues similitudes avec celui de Stanley Kubrick, L'Ultime razzia (en moins réussi) avec hold up, enquête policière dirigée par un lieutenant (Charles McGraw), et course poursuite jusqu'à éparpillement des dollars sur un aéroport. Honnête, sans prétention, réalisé avec soin, avec une interprétation de bonne facture par des comédiens rodés, Armored Car Robbery fait partie de ces petits films efficaces et ramassés, comme les polars que l'on lit en une nuit pour passer le temps ; bref, on passe un moment fort agréable. Le seul regret est une intrigue un peu trop classique dans ses rebondissements et dans ses caractérisations.

Le second film, L'Enigme du Chicago Express (1952), joue lui aussi dans le registre "noir" et est d'une durée similaire, tout aussi nerveux et ramassé, avec le même comédien, Charles McGraw, dans le rôle du policier. C'est le meilleur des trois films, avec un montage tendu, une atmosphère oppressante et une mise en scène carrée, ne faisant pas trop dans le détail. Le détective Walter Brown est chargé de protéger madame Frankie Neall de ses assassins lors de son voyage en train de Chicago à Los Angeles. Pas de doute, le film noir adore prendre le train : les ambiances confinées alliées à l'unité de temps et de lieu jouent en la faveur de ce type de support cinématographique (voir Une femme disparaît d'Alfred Hitchcock). Ici, le conflit de personnalités entre le policier et le témoin (remarquablement interprété par Marie Windsor, agaçante à souhait), ajoute évidemment du piquant à toute l'histoire.

Un beau plan : quand les perles de la femme tombent de l'escalier près des pieds du tueur dont le visage reste dans l'ombre. Il y a aussi une bonne utilisation de l'espace et quelques bonnes idées visuelles ainsi que des personnages secondaires assez bien croqués, sans oublier LE rebondissement surprise. Un excellent petit film.

Le second DVD, lui, propose un film (toujours de durée courte) qui change totalement de registre. Child of divorce (1946) est en fait le premier film de Richard Fleischer. Une enfant de huit ans assiste aux disputes régulières de ses parents ; lorsqu’ils divorcent la séparation est douloureuse et ne tarde pas à affecter son état mental et physique. Le film est un peu simpliste et lorgne par moment vers le mélodrame même s'il évite le tire-larmes proprement dit. Child of divorce tente de s'intéresser à l'impact du divorce sur les enfants, déchirés qu'ils sont par le remariage de leurs parents. Cependant, cela reste assez factuel, voire superficiel et manque de perspective.

Beaucoup de suppléments dans ce DVD avec des analyses de Nicolas Saada et de Bertrand Tavernier, grands passionnés des films de Richard Fleischer. Mais les deux analystes en font un peu trop et surévaluent au final un cinéaste certes honnête, efficace et talentueux mais mineur comparé à d'autres comme John Huston ou Orson Welles. Richard Fleischer n'en demandait sans doute pas tant, en faisant simplement et plutôt bien son métier.

Yannick Rolandeau
( Mis en ligne le 23/10/2008 )
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