L'actualité du livre
Filmset Comédie dramatique  


Faire du Porno sous Franco...
de Pablo Berger
avec Javier Cámara, Candela Pena
Epicentre Films 2006 /  3.82 € - 24.99 ffr.
Durée film 88 mn.
Classification : Tous publics
Sortie Cinéma, Pays : 2003, Espagne (France, 2005)
Sortie DVD : 1er novembre 2006

Version : DVD 9, Zone 2
Format vidéo : PAL
Format image : 16/9e compatible 4/3
Format audio : Espagnol, Français, Dolby Digital 5.1
Sous-titres : Français


DVD 1
- Le Film

DVD 2 : Bonus
- Making-of
- Scènes coupées
- Deux interviews de Pablo Berger
- Affiches alternatives
- Bandes-annonces
- Spots TV
- Liens internet
- Catalogue Epicentre Films
- Revue de presse
- Galerie de photos
- Casting
- Clip
- Filmographies


Dans l’Espagne franquiste quelque peu déprimée et soumise à la censure, Alfredo et Carmen Lopez trouvent leur exutoire dans des films pornos à petits budgets… Jusque-là, il vendait des encyclopédies sur la Guerre Civile (mais du point de vue de l’époque, avec buste au 1/10e du Caudillo en cadeau !) en faisant du porte à porte. Hélas, la vente en kiosque emporte ce marché ambulant et l’éditeur de se retourner vers un secteur plus… juteux : des films, soit disant d’éducation sexuelle, en direction du public danois. En fait, du bon porno !

D’abord hésitant, Alfredo et Carmen se lancent : il apprend à tenir une caméra et à filmer en super 8, se documente sur le cinéma au point de se prendre d’une passion pour Bergman… Elle, esthéticienne, se forme au jeu de la séduction… non sans espérer aussi que les galipettes lui permettront de tomber enceinte. Mais on ne joue pas avec le feu sans risque. Se mettant d’arrache-pied à un nouveau scénario - Torremolinos 73 - Alfredo perd peu à peu le contrôle du tournage…

On peut reprocher au film de Pablo Berger un manque de souffle, des lenteurs, un côté pathétique dans la peinture de ce couple lambda, aigri et gris, qui trouve dans le sexe de quoi mettre, en même temps que du beurre dans ses épinards, de la couleur dans l’existence. Trop long ? Déjà vu ? (The Full Monty a désormais fait date dans le genre) ? Ou bien est-ce l’application à restaurer les ambiances d’époque, jusque dans une photo, en effet très seventies façon espagnole : dans un gris/beige peu ragoûtant… et quelque peu soporifique… ajoutée à ces images en super 8 qui finissent, passé le charme, par donner un léger mal de cœur ?...

MAIS… l’intérêt du film se trouve dans ce qu’il dit de l’Espagne de l’époque, un passé non encore soldé par les Espagnols contemporains. Car tourner un film X dans l’Espagne de 1973, deux ans avant la mort de Franco, ce n’est pas rien. Alors que le monde découvre, par delà les Pyrénées, Dernier tango à Paris ou Gorge profonde, l’Espagne vit timidement et inquiète sa révolution sexuelle. Ici, pas d’érotisme, et un simple baiser en public peut convaincre une matrone de dénoncer les tourtereaux à la Guardia Civil. «Eso en Espaňa no pasa» («On ne veut pas de ça en Espagne»). Bref, la licence a ses limites, inimaginables aujourd’hui. Et pourtant, trente ans seulement nous séparent de cette époque.

Le film raconte aussi ces oasis touristiques florissantes à partir des années soixante sur le littoral ibère. Torremolinos en est l’emblème, l’Ibiza de l’époque, un gigantesque parc d’attraction balnéaire pour Européens chasseurs de clichés à bas prix : soleil, bikinis, paella et sangria. Olé ! Si elle est en Espagne un femme au foyer quelconque, Carmen Lopez jouit à des latitudes plus scandinaves d’une aura sulfureuse comparable à celle d’une Silvia Kristel ou d’une Linda Lovelace. L’Europe avant l’U.E… un peu déjà l’Europe !…

Il faut donc aller derrière le film pour en apprécier les différentes lectures. Histoire vraie à la base, Torremolinos 73 offre un regard percutant sur une Espagne polymorphe, changeante, riche : belle en un mot. Les deux acteurs n’y sont pas pour rien : gigantesques en Espagne, Javier Cámara et Candela Peňa nous sont connus en France grâce à Almodovar : l’infirmier romantique mais dérangé de Parle avec elle ou un gigolo/travelo dans La Mauvaise éducation, et la jeune actrice lesbienne et junkie de Tout sur ma Mère.

Bref, un grand merci aux éditions Epicentre Films pour un DVD par ailleurs agrémenté d’un nombre important de bonus bien choisis, et, de manière générale, une sélection de films «autres». A suivre…

Bruno Portesi
( Mis en ligne le 22/11/2006 )
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