Muriel 
Cerf La Femme au chat Actes Sud - Un endroit où aller 2001 / 2.07 € - 13.59 ffr. / 138 pages ISBN : 2-7427-3395-7 Imprimer
La revoilà, la flamboyante, la délicieuse, qui dès 1974, à 24 ans, enflammait les médias - et l'imagination d'un vieux monsieur nommé André Malraux - avec son Antivoyage (Mercure de France)... Elle n'a, depuis, rien perdu de son appétit d'imaginaire et de liberté, de sa grâce flexueuse. On se souviendra en particulier des Seigneurs du Ponant, (1979, réédité en 2001 au Rocher) et de Ils ont tué Vénus Ladouceur (Le Rocher, 2000), fable tropicale et éloge du droit à la rêverie, fut-elle un brin exaltée.
La Femme au chat c'est Cora, Cora Baxter, comme la Véra de Marguerite Duras. Après des années de pérégrinations autour d'un monde aux multiples merveilles, elle s'est assagie, en apparence. Et installée dans une "meulière" de banlieue auprès d'un mari qu'elle a épousé pour son charme et sa nature contemplative. Excellent cuisinier, jardinier d'exception cultivant placidement du cannabis au fond du jardin, il n'a cessé de travailler que pour se consacrer avec une passion compulsive à tous les aspects matériels de leur petite vie tranquille : "William, sa quotidienne procrastination (demain, il fera jour), sauf en ce qui concernait son activité favorite (à minuit, William, sur le toit, rajuste les tuiles faîtières)". Cora s'ennuie, enrage secrètement, et contemple la chatte Pupe en qui elle perçoit le mystère d'une créature ancestrale et magique. Pupe, sa jumelle en féminité et en fastueuse inspiration. L'arrivée de Precious Malcolm, un yorkshire-terrier obtus quoique de haut lignage - acquis bien sûr par William - précipitera l'envol de l'oiseau de paradis, ou plutôt faudrait-il dire : la fugue de la souveraine féline et de sa bien-aimée.
Beaucoup d'humour doux-amer dans ce court roman. Et toujours ces longues phrases enchantées par une plume lumineuse et féconde. Muriel Cerf se pose la question de la maturité : faut-il vraiment défaire ce qui a été si patiemment construit, dans le seul but de poursuivre une vision qui vous appelle plus loin ? Faut-il lâcher la proie pour l'ombre ? La réponse se trouve au-delà, bien au-delà de ce qui nous est intelligible, quelque part "dans les chambres peintes, près du Nil".
Isabelle Nouvel ( Mis en ligne le 16/10/2001 ) Imprimer
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