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Bande dessinée -> Réaliste |
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Le journal d’une femme de chambre |
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Ted 
Benoit
Pierre 
Nedjar L'Homme de nulle part 2004 / 1.91 € - 12.50 ffr. / 80 pages ISBN : 2-203-39704-7 FORMAT : 22 x 29,5 cm Imprimer
L’histoire commence comme dans un film noir. Une voix-off, un bar dans la pénombre et des souvenirs que l’on se remémore au-dessus d’un verre. Sauf qu’ici le narrateur n’est pas un détective privé mais une modeste femme de ménage, Thelma Ritter. Le lecteur amateur de Ted Benoit aura déjà croisé le chemin de cette femme puisqu’elle était l’aide-ménagère de Ray Banana (Berceuse électrique et Cité lumière).
L’homme de nulle part tombe un jour sur Thelma avec cette question insolite et qui n’obtiendra une réponse (relative) qu’après une bonne quarantaine de planches : «Excusez-moi, madame… Pourriez-vous me dire comment je m’appelle ?». Le pauvre homme a l’air hébété et totalement perdu, et c’est sans doute ce regard de chien battu qui entraîne la jeune Laura Linnell, patronne de Thelma, à le recueillir. Mais poursuivi par un passé qu’il ne comprend pas, l’homme doit fuir à travers le pays, accompagné de Laura, et plusieurs hommes patibulaires à ses trousses. Pour le couple, c’est le début d’une cavale pleine de rebondissements, d’interrogations et d’incroyables retournements de situations.
Avec cet album qui date de 1984, Ted Benoit écrivait un scénario machiavélique et immédiatement captivant, digne des plus grands films noirs hollywoodiens. Ici aussi, les êtres du passé reviennent hanter le quotidien des repentis et l’innocence n’a définitivement pas sa place.
Pour l’occasion, et après lui avoir montré la voie dans le prologue, Ted Benoit laissait les crayons à Pierre Nedjar, dessinateur mystérieux dont on ne sait pas grand-chose et dont la bibliographie se résume à trois albums. Nedjar adopte le style «ligne claire» de son parrain, avec toutefois moins d’élégance et d’invention, mais l’ensemble reste du début à la fin soigné et efficace. On appréciera tout particulièrement ces nombreuses vues lumineuses et colorées d’une Amérique disparue des glorieuses fifties. Ses routes interminables, les «diners» et autres motels qui les bordent, perdus au milieu de rien, ses villas somptueuses perchées sur les collines californiennes, ses chapeaux mous et autres grosses berlines.
Réedité et augmenté de plusieurs planches inédites, L’Homme de nulle part mérite amplement sa place dans la collection «Classiques» de Casterman.
Alexis Laballery ( Mis en ligne le 30/05/2004 ) Imprimer
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