Catherine 
Rollet Les Enfants au XIXe siècle Hachette - La Vie quotidienne 2001 / 2.56 € - 16,77 ffr. / 257 pages ISBN : 2012354343 Imprimer
L’ouvrage de la démographe Catherine Rollet revêt la double qualité de l’épure et de la pédagogie. Cette excellente somme, construite en sept chapitres thématiques, se lit sans effort car la forme comme le fond plaisent. La méthode - la généralité fondée sur l’enquête statistique - éclairée d’exemples concrets est didactique puisqu’elle met en scène des informations très connues en les dotant de chiffres et d’extraits souvent empruntés à la littérature (Maupassant, Balzac, Zola ou encore la très attendue comtesse de Ségur). De cette façon, ce volume propose une histoire des enfants, fatalement restituée par le regard des adultes, mais transversale dans une démarche qui veut observer les permanences et les changements, les ruptures comme les continuités.
Un socle commun étaye le propos : le quotidien des « petits Français » est examiné à l’aune de ses valeurs, mais également de ses rites et pratiques. Ainsi, on apprend ou réapprend les conditions de l’environnement social et religieux des naissances, l’essor de « l’industrie nourricière », les conséquences d’une mortalité infantile restée élevée, les solutions envisagées pour lutter contre la délinquance des jeunes, la question des enfants abandonnés, les modes éducatifs choisis par la famille, très souvent mue par un profond désir de promotion sociale, l’éducation « du dedans » délivrée par le cercle le plus proche, celle « du dehors » enseignée dans les espaces structurants que sont la crèche ou l’école, les contraintes du travail précoce en dépit de la loi de 1841, les progrès de la médecine ou encore la reconnaissance des droits de l’enfant...
Passionnant, ce livre est un bel outil de vulgarisation historique qui sait faire la synthèse de connaissances diffuses. On peut sans doute lui reprocher de n’avoir sollicité que fort peu de sources d’archives quand elles sont nombreuses (à citer les seules Archives nationales, on espérait des dépouillement approfondis des fonds concernant le travail, la police sanitaire, l’hygiène publique, l’Instruction publique, les hospices et secours, etc.). En outre, le seul exemple individuel, étiré peut-être à l’extrême voire extrapolé, et guidant des considérations globales gêne parfois. Mais qu’importe dès lors que le plaisir de la lecture n’est jamais entravé.
Catherine Rollet ( Mis en ligne le 08/04/2002 ) Imprimer
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