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Enfants d'Edimbourg
Irvine Welsh   Glu
Au Diable Vauvert 2009 /  20 € - 131 ffr. / 654 pages
ISBN : 978-2-84626-181-4
FORMAT : 13cm x 20cm

Traduction de Laura Derajinski.
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Le nouveau roman d’Irvine Welsh est une fresque populaire et sociale comme l'auteur sait les écrire. Des années 70 à nos jours, Welsh raconte les trajectoires de quatre jeunes d’un quartier ouvrier d’Edimbourg : Andrew, Terry, Carl et Billy.

Nés au début des années 70 au sein de familles ayant eu l’opportunité de vivre mieux grâce à des politiques de construction en masse de logements sociaux, ils entrent dans les premières années d’école en partageant l’exaltation ambiante. Malgré les difficultés familiales, notamment pour Andrew et Terry, ils sont légers, insouciants et jouissent de ce formidable élan que l'on peut éprouver parfois dans les quartiers ouvriers. Chacun se connaît et se reconnaît, une confiance naturelle rassemble les habitants, les parents des uns copinent avec les parents des autres. L’entraide et l’indulgence des adultes influencent la vie de leurs progénitures.

Les années 80 et l’avènement de Margaret Thatcher bouleversent cette dolce vita, la rigidité et la sévérité économique appauvrissent les plus fragiles, les usines licencient, les quartiers deviennent moins accueillants, les habitants oublient l’entraide pour penser avant tout à leur avenir moins radieux. Ces années représentent pour Andrew, Terry, Carl et Billy l’adolescence, cette période où l’on entre en rébellion, où l’on affirme sa personnalité. Se profilent déjà les adultes qu’ils deviendront. Comme si l’espoir n’était plus permis, comme si les cartes étaient déjà distribuées, les rôles désignés.

La violence des romans d’Irvine Welsh se tapit ici, dans ces culs de sac existentiels. Ils pourront se battre, refuser, rejeter, grandir, comprendre mais ces personnages resteront attachés aux chaînes de leurs destins médiocres, d'autant plus injustes qu’une certaine complaisance semble s’installer entre eux et cette existence asphyxiante ; ou s'agit-il d'un sentiment de servitude qui peu à peu s’incruste et se cristallise ? Entre plaisir et souffrance, les garçons tracent leur route avec ces frustrations et ces blocages par lesquels le rêve n’a plus de place. Terry, «le queutard», occupe son temps avec les filles qu’il arrive à «se faire». Andrew, le timide, est cet introverti qui jamais n’arrive à exprimer ses humeurs, qui échoue souvent. Carl, passionné de musique, s’aperçoit bien trop tard que ses parents ne sont pas des ennemis. Billy, le sportif, le pragmatique, est ce gagnant qui, un jour hélas, ne pourra plus boxer.

Les années 90 sont sûrement les plus prometteuses pour la bande d’Edimbourg. Elles constituent aussi une parenthèse dans leur amitié virile. Trop de différences, et le marasme ambiant étreint l'esprit de chacun. Un détachement nécessaire pour tenter de vivre sa propre existence, couper les liens de l’enfance pour affronter ses démons intimes. La fête de la bière à Berlin et le suicide d’Andrew sonnent le glas de leurs aventures juvéniles. La violence du geste de leur ami a provoqué une douleur telle qu'il leur est impossible de la partager.

Les années 2000 sont à la fois rédemptrices et cruelles. Certains avaient tout en main pour réussir, le talent, des opportunités, d’autres se sont ensablés dans leur misère. La trentaine passée, les excès s’accumulant, le besoin de se reconnecter avec des émotions solides, celles de l’amitié, celles de la famille, celles des racines écossaises, provoque les retrouvailles. Ils ont changé certes, plutôt vieillis physiquement, mais ils sont les mêmes ou presque, avec cette pointe de maturité supplémentaire. La seule chose dont ils sont certains et fiers est leur amour fraternel.

Irvine Welsh signe un roman génial. Si la plume n’est pas remarquable, sa capacité à faire exister les personnages dans toute leur profondeur, avec des personnalités justes, authentiques, complexes, nuancées, l'est, elle. Et c’est pour cette raison que l’on dévore les 650 pages ; Andrew, Terry, Carl et Billy sont attachants, palpables, en un mot, vrais.


Frédéric Bargeon
( Mis en ligne le 08/04/2009 )
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