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Littérature -> Romans & Nouvelles |
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Maroc, nostalgie et ennui | | | Pierre Silvain Assise devant la mer Verdier 2009 / 14 € - 91.7 ffr. / 128 pages ISBN : 978-2864325857 FORMAT : 14cm x 22cm Imprimer
Le narrateur que lon devine très proche de lauteur, Pierre Silvain, un jour daoût 2008, sur une plage de Cabourg, se souvient. Il se souvient de lhistoire de sa famille qui traverse le siècle et vit à califourchon sur les deux rives de la Méditerranée. Dans cette histoire nébuleuse, il tient coûte que coûte à sauver le souvenir de sa mère, aussi aimée quelle nous reste étrangère, faute de portrait psychologique, aussi insaisissable que la mer à laquelle elle ressemble tant, se confond même avec elle par intermittence : «Là où depuis un moment elle se tient assise, face à locéan, une vague plus forte de la marée montante déferle sans violence, lentoure puis la dépasse, pour sétaler derrière elle sur le sable que barre comme dun trait décume pétrifiée un dépôt de coquilles blanches».
Le récit nous traîne des chemins poudreux et crevés de soleil du Maroc aux croupes plus généreuses des massifs forestiers du Limousin sans éviter quun irrésistible sentiment dennui nous saisisse. Car le style poétique de lauteur, parfois profond, se complaît cependant trop souvent dans un esthétisme sacrifiant la netteté du propos à la métaphore. La manière très expressionniste, voire pointilliste réussit seulement à décrire le monde, dans sa géographie, ses blessures historiques, sa météorologie, sans que lon comprenne véritablement les ferments à luvre dans les personnages.
Ce récit, que lon peut qualifier tout autant de poème en prose, sacrifie délibérément toute intrigue comme sil sagissait dune indignité tout juste bonne à la littérature anglo-saxonne. On devine bien une tension entre lamour de la mère et sa nécessaire frustration dans le personnage principal, mais rien de bien appuyé ni dassez universel, que chacun pourrait investir. Lhistoire commence comme elle finit, sur une plage, sans quaucun ressort dramatique ne suscite la moindre émotion chez le lecteur. La violence est délibérément écartée car dans le monde dAssise devant la mer, on croit encore que le monde nest pas profondément tragique et que les empires sont éternels.
Jules Éauze ( Mis en ligne le 04/09/2009 ) Imprimer | | |
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