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Vouloir n'est pas toujours pouvoir
Liliane Roskopf   Un siècle dans la vie d'une femme
Belfond 2009 /  19,50 € - 127.73 ffr. / 269 pages
ISBN : 978-2-7144-4604-6
FORMAT : 14cm x 22,5cm
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Au cours d'un «long XXe siècle» franco-suisse, quatre générations de femmes se succèdent et attendent – leurs hommes, un enfant, l'accomplissement de leurs rêves d'enfance ou de ceux de leur mère. En 2009, le format de la saga familiale n'est pas nouveau, la mode des gender studies a déjà marqué de son sceau bien des publications, mais Un siècle dans la vie d'une femme n'est pourtant ni une fresque à la Roger Martin du Gard ni un essai féministe, tant s'en faut. C'est d'ailleurs ce qui perturbe – et gêne parfois. L'on a l'impression que L. Roskopf s'est lancée dans l'écriture sans projet défini, après un repérage historique dont il faut cependant reconnaître qu'il est tout à fait satisfaisant.

À l'origine du flou conceptuel on trouvera très certainement le défi que s'est lancé l'auteur, qui consiste à mêler les voix d'Anaïs, Louise, Anne et Lola : héritières les unes des autres, elles projetteraient sur leur descendance suffisamment pour qu'il devienne spécieux de les isoler. Ainsi, deux fils courent au long de la narration : celui du temps, puisqu'il y a malgré tout une certaine cohérence chronologique, mais aussi celui des moments de la vie d'une femme, souligné lui par la présence de paragraphes en italique dans lesquels une narratrice mystérieuse, ayant vécu la vie des quatre femmes, se prétend unique. Il y a là davantage qu'une âme qui se serait réincarnée, s'échappant des lèvres de l'aïeule pour habiter désormais le corps de la petite dernière, puisqu'elle est simultanément présente dans celui de la mère et de la grand-mère...

Selon L. Roskopf, avec l'alphabétisation (Anaïs est la première de sa famille à savoir lire) s'ouvre une nouvelle ère pour la femme, celle du vouloir, dont l'arrivée n'est hélas pas concomitante avec celle du pouvoir. C'est l'histoire de ce lent rattrapage qui nous est ici contée, sans être pour autant jamais explicitée. Anaïs a voulu parvenir avec son mari à une certaine aisance, mais la Grande Guerre est passée par là, et, brisant nombre d'espoirs, elle l'a poussée à détruire ceux de sa fille Louise, qui voulait être institutrice. Louise découvre, elle, le luxe dans le mariage, et reporte ses rêves d'instruction sur Anne. Anne mise sur sa carrière et doit réaliser que même dans les années 1980 une femme ne peut pas souhaiter sans dommage s'épanouir dans sa vie professionnelle et dans sa vie personnelle. Lola, du haut de son bureau dans une tour neuve de Shangaï, peut tout, enfin. Ou le croit ?

Entre les lignes bien écrites mais sans beaucoup de personnalité, on ne lit ni satisfaction ni regret critique, et, plus encore que le parti pris original de ne pas donner à quatre individualités marquées quatre voix totalement séparées elles aussi, c'est cette absence de prise de position (consacrée par une fin pour le moins abrupte et déconcertante, intervenue trop tôt peut-être) qui étonne le plus. Car il est surprenant d'avoir sous les yeux une analyse historique et psychologique qui ne veut rien démontrer. Or, si ce n'est la menace d'une disparition de la féminité à force de mutations, rien de tangible n'est évoqué, et cette hystérectomie mentale – au point que Lola doit conclure : «ce n'est pas Titus et Bérénice, leur histoire, c'est Titus et Titus» (p.255) – n'est présentée que comme un détail de plus dans la course du temps, qu'on ne peut rattraper. L'attente, omniprésente dans le récit, devient alors un fatalisme inscrit jusque dans la rédaction d'Un siècle dans la vie d'une femme.

Il est simplement dommage qu'un honnête roman de la sorte, émaillé de jolis passages et assis sur des recherches et une réflexion de qualité, donne au final la sensation décevante d'avoir promis plus qu'il ne pouvait, ou ne voulait, tenir.


Aurore Lesage
( Mis en ligne le 30/09/2009 )
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