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Littérature -> Romans & Nouvelles |
| Dominique Simonnet L'Heure de pointe - Roman en quatorze lignes Actes Sud 2010 / 17 € - 111.35 ffr. / 133 pages ISBN : 978-2-7427-8927-6 FORMAT : 11,5cm x 21,5cm Imprimer
De prime abord, on a du mal à imaginer le métro parisien comme un lieu particulièrement propice à la poésie et à lamour ; détrompez-vous ! Dominique Simonnet, dans son dernier livre, LHeure de pointe, se charge de nous convaincre du contraire, en nous parlant de nos amours, de nos blessures, des retrouvailles de deux regards ; lintime est suggéré, nous sommes complices de tous ces voyageurs que nous rencontrons au fil des pages.
Roman ? Livre de nouvelles ? Difficile à dire, et ce n'est pas vraiment important ; limportant est dans lindicible, dans ce que nous suggère, par petites touches subtiles et raffinées, lauteur de ces 14 textes. Frôlements des regards, odeurs de bouquets de fleurs, mystère des tissus qui se touchent, voix qui se reconnaissent
Les mots sont distillés avec soin, on est dans le rythme du mouvement pendulaire de la rame de métro ; on y rencontre un couple de musiciens aveugles jouant dans les couloirs sans se connaître (mais en se «re»-connaissant grâce aux notes), une vieille dame venue revivre dans une station de métro le traumatisme de «sa» guerre avec son petit-fils, un jeune insolent se retrouvant à distribuer des fleurs aux passantes à la suite dun pari perdu, un réfugié serrant son ticket dans sa main pour se rassurer, une jeune handicapée mentale tellement fière davoir pu voyager sans se perdre dans le labyrinthe des lignes, deux amoureuses de Stendhal dont les regards se posent sur la même page d'un roman, Le Rouge et le Noir ; tous ces personnages, effleurés par les mots de Dominique Simonnet, composent un tableau par petites traces, et se rejoignent parfois dans la même aventure, au hasard des wagons.
Bien sûr, on préférera certaines scènes à dautres ; la discussion entre deux collègues de bureau et la jeune femme retrouvant un de ses amants des années après sans le reconnaître, sont un peu moins originales que dautres. La scène de ménage entre 3 personnages dans une rame, qui se révèlent être des acteurs faisant la promotion de leur pièce, est particulièrement réussie et inattendue : «Cette fois, le wagon entier applaudit à tout rompre. La dame violette essuya une larme. Oh ! Jai raté ma station, réalisa-t-elle soudain
Ce nest quen arrivant à Châtelet que les voyageurs prirent conscience dune chose étrange : ils étaient tous en train de se parler».
Un véritable roman de voyage, que lon abandonne avec un peu de nostalgie, en le reposant doucement près de soi
On aimerait tellement savoir ce que sont devenus tous ces êtres croisés au fil des mots.
Michel Pierre ( Mis en ligne le 26/04/2010 ) Imprimer | | |
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