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Shamablanca : un roman générationnel | | | Sonia Terrab Shamablanca Séguier 2011 / 15 € - 98.25 ffr. / 128 pages ISBN : 978-2-84049-621-2 FORMAT : 14cm x 21cm
L'auteur du compte rendu : Arnaud Genon est docteur en littérature française, professeur certifié en Lettres Modernes. Enseignant à Casablanca, il est Visiting Scholar de ReFrance (Nottingham Trent University). Auteur de Hervé Guibert, vers une esthétique postmoderne (LHarmattan, 2007), spécialiste de lécriture de soi dans la littérature contemporaine, il a cofondé les sites herveguibert.net et autofiction.org. Imprimer
Il y a du Françoise Sagan dans le premier roman de Sonia Terrab, Shamablanca. Un esprit tout à la fois léger et fleur bleue, rebelle et affirmé. Mais le bleu des fleurs est aussi celui de la rage, «de ce bleu que jai partout sur le corps à trop me cogner», nous dit la narratrice, Shama S., marocaine, venue sinstaller à Casablanca après des études supérieures à Paris.
Derrière Shama, on croit deviner assez vite que se cache un double de lauteure, tout au moins, une projection. Elle ne trouve pas sa place dans le Maroc des années 2010, un Maroc pris entre «modernité et tradition, apparences et illusions, liberté et castration». Mais elle incarne aussi, surtout, une génération, celle de jeunes femmes et hommes approchant la trentaine, désuvrés, éprouvant un sentiment de honte «dêtre si mal chez [eux]», cherchant à échapper au moule, au carcan, à tout ce que la société marocaine impose inconsciemment ? à ceux qui rêvent de plus de liberté.
La ville de Casablanca sert de toile de fond à ce chaos intérieur : «Casa, rêve tourmenté, mouvementé, cauchemar des rescapés. [
] Marchons dans Casa la folle, Casa la bête, Casa la grosse. [
] Casa de jour, comme les mots me viennent, anarchiques, bordéliques». Courir, comme le fait la narratrice dans les premières pages, fuir, oui, mais sans savoir où aller, ni pourquoi : «courir contre le vide, courir contre le temps qui court, la nuit qui file». Courir, en pure perte
Dans ce tourbillon de la vie, Shama le rencontre, Lui. Ils sont «deux solitaires [
], deux isolés qui sentourent beaucoup et se confient peu». Mais lui aussi est épris de liberté et rien ne le retiendra. Alors célibataire, il faudra que Shama lutte pour éviter un mariage arrangé avec Hamza, quelle lutte encore pour être ce quelle est et essayer de ne pas être ce que lon voudrait quelle soit.
Shamablanca est un roman générationnel qui traduit «le combat intérieur, la guerre perpétuelle» dune jeune marocaine daujourdhui. Un joli premier petit roman, dans lair du temps
Arnaud Genon ( Mis en ligne le 04/04/2011 ) Imprimer | | |