| |
Monsieur Ho et son peuple | | | Max Férandon Monsieur Ho Carnets Nord 2013 / 17 € - 111.35 ffr. / 157 pages ISBN : 978-2-35536-066-4 FORMAT : 12,9 cm × 20,6 cm Imprimer
Max Férandon, né en 1964, est originaire dun petit village du centre de la France. Il a émigré en 1988 au Québec. Monsieur Ho est son premier roman.
Monsieur Ho, commissaire au Recensement des Affaires Sociales, a revêtu un costume neuf au tombé et à la coupe admirables, confectionné à Shanghai sur un modèle à lélégance tout italienne. Petit fonctionnaire prudent de la redoutable machine détat chinoise, il a toujours veillé à être ''remarquable sans se faire remarquer.
De Pékin à la Mongolie, dans lantique train marqué de lemblème du parti mis à sa disposition, Monsieur Ho va sillonner le pays pour accomplir la noble tâche qui lui a été confiée : recenser la population de la Chine. Avec un chagrin immense mais muet, il a laissé derrière lui son épouse et sa fille bien aimée, Lin Na.
Le train sarrêtera dabord tout près de la prison de Mi Gong, redoutable édifice où les serrures qui claquent enferment les condamnés à mort. Bientôt leurs familles recevront, sous enveloppe soigneusement cachetée, la facture officielle : le prix à payer pour la balle qui a servi à les tuer. Cependant, il semblerait que le prisonnier le plus avide de liberté soit le directeur de létablissement.
Plus loin, beaucoup plus loin, dans la plaine poussiéreuse et incertaine, Monsieur Ho découvre la ''ligne'', fragile et inutile rempart de maigres arbrisseaux dont ladministration a décidé quelle serait une muraille offensive, destinée à arrêter les vents violents qui balaient le pays. Ainsi, chaque matin à laube, pioche à lépaule, les paysans, délaissant leurs cultures, nont dautre choix que daller nourrir la ligne avec de nouveaux plants.
Plus loin encore, au beau milieu de lâpre désert proche de la Mongolie, surgit une gare, une gare qui na jamais vu passer un train. Cest ici, sur les rails vierges de toute circulation ferroviaire, que le train administratif de Monsieur Ho, suivi de ses cinq wagons pleins des fiches du recensement, vient doucement rendre lâme. Pourtant, derrière le bâtiment, linutile chef de gare consacre tous ses soins à un maigre jardin où des légumes racornis et têtus sobstinent à pousser : le désert total ne saurait exister.
A travers le lent voyage de Monsieur Ho, lauteur nous raconte une fable où un milliard dêtres humains, têtes courbées, poursuit la longue et indéfectible patience du peuple chinois. Avec un humour subtil, délicatement littéraire, voilà un premier roman servi par une langue succulente que lon déguste de toutes ses papilles, une poésie rare où chaque mot est une douceur nouvelle, lente et nostalgique.
Anny Lopez ( Mis en ligne le 16/01/2013 ) Imprimer | | |