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Récit expérimental
Jean-Jacques Schuhl   Télex n°1
Gallimard - L'Imaginaire 2013 /  8.20 € - 53.71 ffr. / 170 pages
ISBN : 978-2-07-014022-0
FORMAT : 12,5 cm × 19,0 cm
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Second livre de Jean-Jacques Schuhl après Rose Poussière en 1972, Télex n°1 plaçait son auteur dans le champ de la littérature expérimentale, dans la lignée de Lois et H de Philippe Sollers, avec un éclatement de toutes formes et structures romanesques telles que les années 70 ont voulu l'instaurer pour renouveler le genre. Schul (né en 1941), écrivain peu prolifique, est connu pour son roman Ingrid Gaven qui a obtenu le prix Goncourt en 2000.

L'auteur explique lui même sa vision de la création artistique à la page 104 de Télex n°1 : "Je n'aime presque aucun livre. Ils se ferment sur un univers, un ton, un style. Seule me plaît maintenant une écriture anonyme, fragmentée et fragile ; une affiche murale commencée par l'un, continuée par un autre, indéfiniment, et que le vent ou la pluie peut effacer, les livres ici continuent à créer des personnages, à fabriquer des ambiances alors que voici venu le temps des discours sans auteur, des mouvements de masses, des gestes ébauchés et que le temps emporte, des mots parasités par des mots autres, brisés, semblables à des musiques qui se font et se défont, s'opposent et s'unissent en même temps. Ce geste, ces mots ne sont pas ceux d'une personne : des masses entières les ont produits. Ce pas de danse de la saison n'a pas été inventé par quelqu'un, il vient, par de multiples relais, d'une façon qu'ont les ouvriers métallurgistes de chez Usinor de s'approcher lentement des fourneaux, protégés par de lourds tabliers d'amiante et de - ayant jeté le contenu d'une pelle géante dedans - retourner à reculons ou non mais en marchant-courant souplement, la remplir, cela tous en même temps uniformément et trois fois à la minute".

Largement influencé par le Pop-Art et l'éclatement des formes traditionnelles, Télex n°1 est un condensé d'écriture automatique, de références journalistiques, d'inclusions cinématographiques (l'écriture étant elle-même cinématographique avec des séquences narratives qui se succèdent sans trop de linéarité), de dialogues absurdes et de récit autobiographique. Quelques personnages récurrents interviennent dans des faits divers marquant : Mao, Rudolph Valentino, Rita Hayworth, Eva Perón, faisant de cet ovni l'équivalent littéraire de certains films de David Lynch (que l'auteur a beaucoup travaillé par la suite). On est dans le genre du bouleversement du langage, de la disparition de l'auteur et de la remise en cause du récit classique.

Pourquoi pas... Mais que reste-t-il vraiment lorsque l'on a fini ce texte ? Une certaine idée de la beauté syntaxique et quelques images fulgurantes. Mais cela contribue-t-il à produire une œuvre aboutie ?...


Jean-Laurent Glémin
( Mis en ligne le 28/06/2013 )
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