| Karin Serres Monde sans oiseaux Stock 2013 / 12.50 € - 81.88 ffr. / 112 pages ISBN : 978-2-234-07395-1 FORMAT : 12,0 cm × 18,5 cm Imprimer
Une communauté inclassable, ni dhier, ni daujourdhui, ni de demain, vit près dun lac nordique dont les eaux ont la particularité de monter régulièrement. Les maisons sont sur roulettes, pour les hisser au cours de «fêtes des remontées», manuellement dabord, puis avec des tracteurs lorsque la population décline. Pour survivre, les gens élèvent des cochons fluorescents vivant dans ce lac, lequel sert également de cimetière dans ce village dont le pasteur, qui parle à Dieu, est un personnage important.
Il est aussi le père de la narratrice, appelée «petite boîte dos» à sa naissance, en référence au mystère de ce cerveau qui dirige nos émotions mais reste un empilement de «petits os dans un sac de flan mou». Tous ces personnages, nombreux et attachants, évoluent à une époque indéterminée, dans un monde où les oiseaux ont disparu, oiseaux au sens large, incluant les gallinacés.
Un roman inclassable lui aussi, qui relate en une centaine de pages la vie entière de Petite boîte dos, de sa naissance à sa mort. Mais limportant nest pas dans lhistoire. On ne sy attache dailleurs pas, latmosphère générale est hors du quotidien. Cest une juxtaposition de faits et de comportements, curieux, inattendus, prétextes à une ouverture sur des façons dêtre différentes, qui peuvent recouvrir une réalité existante ou ayant existé quelque part. Laccent est mis sur les sentiments, les sensations, finement décortiqués, à lextrême. Et lensemble est joliment enrobé dans une histoire damour touchante, ressemblant tout à fait à ce quon peut en attendre, et qui polit le côté irréel de cette vie de fable.
Karin Serres a beaucoup écrit pour les enfants et l'on retrouve ce monde dur des contes de Grimm, ces inventions loufoques qui ravissent les petits et ne les étonnent pas, ces vies et ces actions incongrues qui leurs paraissent naturelles. Elle a beaucoup écrit pour le théâtre aussi et l'on retrouve également ici cette magie des mots qui accroche le public, ces rebondissements qui emportent, la part belle faite à tous les acteurs. Les mots sont ciselés avec goût, il y a beaucoup de beauté dans cette écriture, une poésie altruiste qui parle de la mort et de lamour avec une belle élégance.
Dany Venayre ( Mis en ligne le 07/10/2013 ) Imprimer | | |