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Le pays de Marianne et de Fatma
Faïza Guène   Un homme, ça ne pleure pas
Le Livre de Poche 2015 /  6,60 € - 43.23 ffr. / 264 pages
ISBN :  978-2-253-09988-8
FORMAT : 11,0 cm × 17,8 cm

Première publication en janvier 2014 (Fayard)
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Trois enfants de parents algériens, et trois modèles d'intégration française... ou pas. Le narrateur, Mourad, est ce professeur de français taciturne et obéissant, qui, de l'observation quasi anthropologique qu'il mène de sa famille - quasi... car l'émotion sourd sous chacun des mots assemblé pourtant très pudiquement, d'où le titre du roman -, offre un panorama saisissant du pays de Marianne et de Fatma : le nôtre.

C'est d'ailleurs le constat le plus sain et le plus important qui puisse être fait de cette modeste fresque familiale. La France n'est plus seulement la contrée de Marianne ou, pour les plus nostalgiques et atrabilaires, Jeanne d'Arc. D'autres traditions sont venues se coudre au tissu hexagonal, réalité sociale et culturelle à laquelle manque encore un pendant légal et politique qui n'aurait d'ailleurs rien à renier aux sacro-saints principes républicains. Simplement les mettre à jour, les humaniser, un peu de chair tendre et tiède sur le vélin du code civil et le marbre froid des bustes avec bonnet phrygien...

Un homme, ça ne pleure pas n'assène pas ces conclusions mais les suggère discrètement, en signalant deux impasses aux antipodes l'une de l'autre : les itinéraires des deux sœurs de Mourad, Dounia la ''pute'' et Mina la soumise. La première en catin ayant coupé les ponts avec la famille, quitté Marseille pour Paris, les djellabas et le voile pour les tailleurs et les talons aiguilles. Et le steak tartare ! "Manger un steak tartare, voilà de l'intégration ou je ne m'y connais pas. Parce qu'apprendre la langue, respecter les institutions de l’État, épouser la culture du pays en chérissant ses grands auteurs, marcher pour la gloire de la nation, tout ça n'est rien comparé à l'engloutissement de viande hachée crue qu'on écrabouillote avec du jaune d’œuf et des condiments".

Un parcours rachidatien, celui d'une femme requin qui, du tremplin d'une association féministe au discours radical et ultra-républicain, s'est acoquinée avec un chacal de la politique, aux faux airs sarkoziens. Elle a renié tout, la famille, son éducation, sa culture, dénonçant son archaïsme, hachoir à libertés, machine à engraisser les femmes pour les tenir sous la coupe maternelle puis celle d'un mari. L'autre sœur, Mina, respecte les voies tracées par maman, avec un naturel docile, et devient mère à son tour, mariée à un algérien. Tranquille. Le père et la mère, eux, sont dépeints avec une tendresse toute filiale, dans leurs beautés, dans leurs faiblesses.

Mourad, lui, oscille entre les deux modèles, fidèle à la famille, mais attaché à sa sœur la ''moderne'', tout en la critiquant, en la jugeant, tout en enseignant le français à des adolescents de banlieue difficile. Le tout à l'occasion de l'AVC du père, immobilisé pour moitié dans un hôpital marseillais. Un homme, ça ne pleure pas. Mais quand même...

Un récit juste et sympathique, au style efficace et imagé, les dialogues parfaitement construits, le propos pas lourdingue pour un sou sur des sujets pourtant casse-gueule : l'immigration, l'identité nationale, l'éducation, la crise des banlieues. Autant de tartes à la crème politiques et littéraires que Faiza Guène aborde sans maladresse, offrant un beau roman sur le sujet, qui n'est pas un roman de trop. Mais on ne saurait trop lui conseiller de ne pas s'enfermer dans un genre, en en défrichant d'autres, forte d'une plume solide et de sa liberté d'écrivain.


Thomas Roman
( Mis en ligne le 13/03/2015 )
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