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Lettres à Léàn
Tieri Briet   Fixer le ciel au mur
Rouergue - La Brune 2014 /  15,30 € - 100.22 ffr. / 138 pages
ISBN : 978-2-8126-0641-0
FORMAT : 14,0 cm × 20,6 cm
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Le titre du roman de Tieri Briet vient du poème de Rade Tomic , poète serbo-croate de Novi Sad en Voïvodine : «Au moyen d’un clou rouillé / Le poète a fixé le ciel au mur».

Malgré la gravité du sujet, Le roman est composé de quatorze chansons-chapitres faits de musiques qu’aime l’auteur, autant de souvenirs de bonheurs de l’enfance de sa fille. Jeune adolescente anorexique, Léàn rentre à l’hôpital de Nîmes, accompagnée de son père le temps des vacances d’été afin de pouvoir faire sa terminale à la rentrée. «Tu es venue pour te soigner, arracher la maladie qui t’a noué l’œsophage à la fin de l’hiver, essayer de toutes tes forces. Ce n’est pas rien d’avoir accepté». Les visites ne sont pas autorisées, le narrateur a le cœur lourd et se réfugie au retour le long du quai du Rhône à Arles, ville où il vit, pour raconter son histoire au vieux gitan Toutouyou qui, lui, est fatigué de lutter contre les autorités pour avoir un terrain et ne plus s’exiler.

Le vieil homme a la patience d’écouter cette histoire : «Léàn est une merveille dit le père». Puis, au fil des jours, Tieri Briet continue d’écrire à sa fille pour ne pas couper le lien, pour lui donner espoir, lui qui se sent coupable de ne pas l’avoir comprise et de lui donner un demi-frère avec une nouvelle compagne. Pour lui, le lien père-fille est indispensable même si imparfait. Toujours lui écrire pour la faire réagir, l’encourager, lui rappeler des souvenirs communs. Collégien, le narrateur a lu le livre d’une jeune anorexique, Valérie Valère, qui s’est ensuite suicidée ; ce texte, LePavillon des enfants fous, est un cri de rage, un témoignage déchirant sur le drame de l’anorexie vu de l’intérieur. Il y pense souvent...

Pour que sa fille ne suive pas le même chemin, pour lui insuffler l’espoir de survivre et ne plus se laisser dominer par ce nœud qui l’empêche de manger, il va lui raconter deux histoires de femmes courageuses, deux exemples qui ont su se construire un destin envers et contre tout : la première, Hannah Arendt, la philosophe allemande exilée aux Etats-Unis, a quitté sa chère Allemagne parce qu’elle était juive, et construit une œuvre littéraire et politique loin de chez elle. La deuxième, Musine Kokalari, est une Albanaise inconnue au destin tragique, née dans la même ville qu’Ismael Kadaré, prisonnière des geôles d’Enver Hoxa pendant quinze ans puis assignée à résidence sans soins. Pendant ses années de cachot, Musine ne renonce pas à son idéal démocratique. Elle a compris que la pensée créative de Hannah Arendt était la seule manière d’échapper au cauchemar de sa vie. Elle lui a même écrit. Le petit miracle de Musine est qu’elle a rempli des petits carnets, soigneusement cachés à la censure, qui lui permirent de survivre à la dictature communiste.

Malgré son incompréhension, le père veut combattre le mal de cette maladie ''à la mode'' aujourd’hui, par laquelle le corps est idéalisé et aucun défaut n'est toléré. Une lutte permanente contre la dictature de l’image.

Tieri Briet aime les voyages, espère faire un grand périple avec sa fille quand elle sera guérie. En attendant, il traverse l’Europe jusqu’à Tirana, pour rencontrer les neveux de Musine qui perpétuent son souvenir. «La haine face à laquelle Musine et Hannah ont dû survivre fait que leur travail est devenu une lutte sans fin». Le père aimerait tant ôter la peur du corps de sa fille, lui transmettre un peu d’espoir en pensant à tous ces êtres qui ont survécu à leur enfer, qui ont construit leur histoire en résistant aux démons. Mais pour Léàn, le démon est en elle...

Le roman se présente sous une forme originale qui apporte un peu de poésie à ce sujet tragique. L’auteur nous transmet ses passions dans un récit intimiste finement ciselé, dans lequel nous ressentons toute son énergie et son espérance, dans une sincère empathie.


Eliane Mazerm
( Mis en ligne le 23/04/2014 )
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