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Le séisme d’une vie
Gary Victor   L'Escalier de mes désillusions
Editions Philippe Rey 2014 /  16.50 € - 108.08 ffr. / 189 pages
ISBN : 978-2-84876-374-3
FORMAT : 14,5 cm × 22,1 cm
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«J’ai imaginé un cimetière de récits comme un cimetière d’éléphants. Un lieu au fond des labyrinthes de l’imaginaire où les récits percevant leur fin prochaine, se traîneraient pour se mettre à l’abri des appétits égoïstes des lecteurs, d’une espèce de voyeurisme malsain, d’une feinte compassion» (p.12). Le roman de Gary Vidal relève principalement de l’imaginaire, du rêve et se présente comme une pièce de théâtre selon un format classique : unité de temps, juste après le séisme ; unité de lieu, Port-au-Prince, la capitale ; unité d’action avec l’introspection du narrateur qui a fui pour venir se réfugier chez sa belle-mère, Man Hernande, dans l’attente de nouvelles rassurantes sur son épouse Jézabel et sa fille Hanna qu’il n’arrive pas à contacter.

Le 12 janvier 2010, la ville de Port-au-Prince est anéantie par un tremblement de terre majeur. Cent-mille morts probables. Secoué par le choc, pris d'une sorte de délire post-traumatique, le narrateur s’assied tout près de la grand-mère, il la réconforte et son esprit se met à vagabonder sur sa vie, son passé, son mariage plus ou moins raté et ses aventures. Les sentiments trop longtemps tus et les souvenirs cuisants se réveillent. Le téléphone est muet ; il commence à envisager le pire dans ce chaos autour de lui. Il pense à André, étrange personnage et tueur au marteau dont il est le seul à connaître les secrets, à l’enterrement de son père avec toute la douleur d'un fils orphelin ; les récits échappés du cimetière viennent résonner dans l’esprit du narrateur. Les remous de la terre l'ont retourné lui aussi : sa vie commune chaotique avec Jézabel qui tait un lourd secret où se mêlent sa jeunesse et les croyances du vaudou. Il revoit leur rencontre dans une vente-signature et raconte l’évolution de leur relation marquée par un perpétuel déséquilibre dans le couple, lui qui l’aime à la folie, elle qui reste insensible, à son grand désespoir ; il nous parle des nombreuses maîtresses qui pallient la froideur de l’épouse jusqu’au jour où elle lui révèle son secret ; il évoque aussi la librairie ésotérique qu’il fréquente car Roberta lui tire les cartes et lui laisse entrevoir un espoir. «Ce qui m’accable, moi, est-ce le décès possible de Jézabel ou le fait que sa disparition tue l’espoir d’une improbable réconciliation ?» (p.86).

Les rêves et les cauchemars sont primordiaux pour Jézabel, femme tumultueuse qui ensorcelle son époux, un homme frustré et prisonnier de la puissance de cet amour. Il a peur de recevoir la nouvelle fatale, déroule tout son passé pour éviter de penser au présent et conjurer ainsi le sort. Il pense aussi à sa fille Hanna. Chaque réplique du séisme résonne dans sa tête ; il regrette la folie de certains actes et le poids que l’on doit porter à vie. Pourquoi ne pas avoir mieux dévoilé ses sentiments tant qu’on le pouvait ? Le mal est profond et destructeur. Man Hernande se met alors à parler et à révéler son histoire liée au secret de Jézabel ; mère et fille sont passées par bien des tourments dans leur jeunesse. «Je sais que j’aurai peut-être à monter d’autres marches sur l’escalier de mes désillusions» (p.190).

Au fil de ce roman initiatique et onirique, les personnages sont immergés dans certaines croyances du vaudou, caractéristiques d’Haïti ; rêves vécus ou expériences rêvées ? L’écriture est remède à l’obsession et permet l’exploration d'un monde intérieur. Elle sert de révélateur à nos sentiments et nos interrogations. Le style est fébrile, dense, et déroute au début, mais il rend touchant ce bilan d'une vie à fleur de peau, une longue déclaration d’amour à une femme...


Eliane Mazerm
( Mis en ligne le 11/07/2014 )
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