| Paul Lynch Un ciel rouge, le matin Le Livre de Poche 2015 / 6,60 € - 43.23 ffr. / 288 pages ISBN : 978-2-253-08716-8 FORMAT : 11,0 cm × 17,8 cm
Première publication française en février 2014 (Albin Michel)
Marina Boraso (Traducteur) Imprimer
Paul Lynch est originaire du Donegal. Il signe, avec Un ciel rouge le matin un premier roman.
La pluie battante na pas réussi à chasser, aux abords de la forêt, lodeur de la fumée. On distingue, à travers les goutes qui tombent lourdes et serrées, ce qui reste de la pauvre cabane : un tas de cendres encore fumantes. Ainsi, ils sont déjà passés, venant assouvir leur vengeance en brûlant les restes de sa vie
Quand tout est consommé, que lirréparable sest produit, il ne reste plus quà fuir, fuir les conséquences de ce meurtre involontaire commis sous lemprise dune fureur aveugle. Cest pourtant un doux, Coll Coyle, un homme responsable, apprécié de tous, dur à la tâche, bon père et bon mari. Il a fallu des circonstances bien tragiques pour le pousser ainsi au crime : expulsé de la terre quil cultivait et son père avant lui, jeté sur les routes par le caprice dun jeune maître dépravé. Il voulait seulement comprendre, plaider sa cause, savoir pourquoi
La rage alors la pris et pourtant il ne voulait pas... Mais, linjustice insupportable... Mais, la révolte au-delà des mots... Sa femme, son enfant tant chéri, le bébé à naître, tous ont disparu. Dans les cendres de sa cabane, il a retrouvé un ruban blanc devenu gris, celui que portait dans ses cheveux sa petite fille. Ce ruban lui servira de bannière dans sa fuite.
Coll va entamer ainsi une longue errance qui le conduira de sa terre dIrlande jusquen Pennsylvanie, jusquà se joindre à ces hommes perdus qui, sous un soleil implacable, arasent les collines pour permettre le passage dune voie ferrée. Chaque fois découvert, chaque fois fuyant plus avant avec obstination. Les dangers, la mort quelquefois toute proche, le dénuement, la faim, le froid, la rage, le désespoir à travers la misère de cette société du début du dix-neuvième siècle, de temps à autre une lueur, une presque certitude redonnent espérance. Il emporte dans sa course des images heureuses de son enfance et de sa jeune vie dhomme aimé. Il y a aussi Cutter, le compagnon dinfortune, rencontre improbable. Lequel des deux sauvera lautre ? Ou les deux seront-ils perdus ?...
On ne sort pas indemne de ce roman écrit dans une langue soyeuse, dune poésie rude et tendre. On entend, on sent, on éprouve, on partage.
Anny Lopez ( Mis en ligne le 07/10/2015 ) Imprimer | | |