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Perfide Albion
Tom Sharpe   Wilt. Tome 1 à 3
10/18 2014 /  14.95 € - 97.92 ffr. / 288 pages
ISBN : 978-2-264-06480-6
FORMAT : 13,1 cm × 18,7 cm

François Dupuigrenet-Desroussilles, Christine Guérin, Henri Loing (Traductions)
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Ces trois romans réunis sur près de neuf-cents pages nous content les mésaventures d’Henry Wilt, antihéros de Tom Sharpe, écrivain britannique décédé en Espagne en 2013, et une plume acérée pour notre plus grand bonheur. Les sous-titres français sont loufoques : Comment se sortir d’une poupée gonflable et de beaucoup d’autres ennuis encore ~ Comment se débarrasser d’un crocodile, de terroristes et d’une jeune fille au pair ~ Wilt prend son pied.

Ce professeur de culture générale diplômé de Cambridge enseigne près de Londres dans un institut technique, qui par définition n’a pas besoin de cette matière : enseigner les grands classiques anglais à des apprentis maçons, bouchers, mécaniciens, gaziers en espérant désespérément diminuer leur niveau d’abrutissement. Un élève maçon lui dit en cours : «Je veux dire, à quoi ça sert de sortir le samedi soir et de se bourrer la gueule si on peut pas se défouler un peu ? L’agressivité y faut qu’elle sorte. Je veux dire que c’est naturel, non ?» (p.64).

Dans cette atmosphère de nullité, Wilt n’est pas au mieux de sa forme, sa libido est en berne, il ne rêve que de bières et aimerait être moins harcelé et moins méprisé par sa féroce épouse, Eva, un monstre d’énergie plutôt enrobé, pratiquant le judo et qui n’a dans la vie qu’une seule préoccupation : trouver de nouvelles activités originales qui énervent son mari par leur inutilité.

Dans le cerveau embrumé de Wilt germe l’idée de tuer celle qui a fait de sa vie un enfer et il s’entraîne avec une poupée gonflable récupérée dans une soirée organisée par les nouveaux amis branchés d’Eva, soirée qui a tourné à l’orgie. Comme répétition générale, il la jette dans le trou d’un chantier, tout près de son institut. La police, en la personne de l’inspecteur Flint, caricature d’un flic anglais très limité, pense que la malheureuse enterrée sous vingt tonnes de béton est la vraie Madame Wilt. S’ensuit une série de quiproquos hilarants, car le professeur est dans une situation intenable vis-à-vis de ses collègues, ses élèves et sa direction. Mais Eva réapparaît, apportant la preuve que son mari est accusé d’un meurtre qui n’a jamais eu lieu. «Avec lenteur et amertume, l’inspecteur Flint se releva. Il comprenait maintenant pourquoi Wilt avait jeté cette connerie de poupée dans le puits et pourquoi il était resté si calme pendant toutes ces nuits d’interrogatoire serré. Après douze ans de mariage avec Eva, le besoin de tuer devait être irrésistible» (p.266).

Les événements s’enchaînent dans un rythme endiablé. Dans Wilt 2, le couple a réussi à avoir des quadruplées, petites pestes aussi infernales que la mère. Pour pouvoir donner une bonne éducation aux gamines odieuses, Eva loue une partie de sa grande maison à une jeune fille au pair qui se révèle être une terroriste recherchée par toutes les polices du royaume. La situation devient cataclysmique, mais après de nombreuses péripéties, Wilt s’en sort bien ainsi que sa nombreuse tribu. Tom Sharpe caricature méchamment la police anglaise, la bonne société qui n’est qu’un ramassis de pervers sexuels, ainsi que les théories libératrices venues des USA dans les années soixante-dix.

L’aventure la plus sévère et la plus irrésistible, dans Wilt 3, se déroule sur une base militaire américaine près de Londres où notre «héros» qui donne des cours de civilisation britannique se retrouve accusé d’être un espion soviétique et un terroriste. L’armée des États-Unis est ridiculisée au plus haut point, sans compter qu’Eva a dopé son mari à son insu et que l’effet du sirop déclenche chez lui une crise de priapisme pendant sa conférence.

Toutes les scènes sont comiques et se suivent sans pause. On ne peut que rire de bon cœur. C’est un festival de gags et de situations désopilantes, avec un style qui évolue de la satire du monde académique au cocasse le plus invraisemblable, le tout assaisonné de réflexions à l’humour décalé, so British.

Un excellent ouvrage pour commencer l’année avec la bonne résolution de rire le plus souvent possible.


Eliane Mazerm
( Mis en ligne le 12/01/2015 )
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