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Littérature -> Romans & Nouvelles |
| Marc Salbert De l’influence du lancer de minibar sur l’engagement humanitaire Le Dilettante 2015 / 17.50 € - 114.63 ffr. / 286 pages ISBN : 978-2-84263-815-3 FORMAT : 12,2 cm × 18,0 cm Imprimer
Quelle lumineuse idée de lancer le minibar de sa chambre, dans un palace cannois lors du Midem, sur une voiture de luxe garée sous la fenêtre, après une soirée arrosée et sous stups. La facture de ce carnage arrive à la direction du grand journal LAvenir où Arthur Berthier, rock-critic aux allures de Philippe Manuvre avec ses Ray-bans toujours vissées sur les yeux et ses Doc Martens, officie avec son photographe Hassan, fils de lancien Ambassadeur du Maroc en France, qui habite dans le XVIe.
Les voilà rétrogradés aux informations générales. Pour leur premier reportage, le rédacteur en chef, jaloux du succès de Berthier, les envoie Square de Clignancourt, interviewer des pauvres Afghans qui squattent la place depuis plusieurs semaines dans lattente de papiers et de jours meilleurs. Au moment des premières questions, déboule une compagnie de CRS qui cognent sur tout ce qui bouge à coups de matraques. Le poids des mots, le choc des photos : Hassan sen sort mais Arthur est blessé à la tête et conduit à lhôpital. «Mais je te dis quils lont massacré, il a la tête comme une pastèque ; ils sont en train de lui faire un scanner
Non, je ne pense pas quil sorte ce soir
Une photo de quoi ? Putain, mais tes con ou quoi
Tu crois que jallais shooter mon pote en sang ? Tu me prends pour qui ? Par contre, jai de lAfghan qui se fait tabasser, si ça tintéresse. Attends, jen ai une pas mal. Un moustachu qui se prend trois coups de matraques en même temps !» (p.62).
Soudain, cest la gloire pour Arthur Berthier qui devient le héros de la liberté dexpression et la victime de la violence policière aveugle. Sa fille le considère comme son nouveau héros après lavoir méprisé depuis toujours. Il écrit dans la foulée un livre-témoignage sous le coup de lémotion et héberge Daoud, Afghan qui lui sert de boy, heureux davoir un toit. Comble de bonheur, Daoud a une sur, Marzia, au charme exotique, qui a fait ses études de médecine à Londres et qui la retrouvé.
Tous les travers de notre société sont raillés ici : lemballement médiatique, la satire de la presse et du monde de lédition, la critique de la violence policière stupide, et linutilité des organisations humanitaires coincées dans leur folklore ringard, ainsi que la puérilité des petites querelles individuelles qui pourrissent la vie de chacun. Marc Salbert utilise lironie, la dérision et la malice pour narguer ses concitoyens. Top du top, le groupe fétiche du héros est Led Zeppelin ! Lécriture est ébouriffante, disjonctée à limagination sans borne.
A lire pour vraiment rire méchamment !
Eliane Mazerm ( Mis en ligne le 26/01/2015 ) Imprimer | | |
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