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Le chant flûté du papiha
Nadeem Aslam   Le Cri de l’oiseau de pluie
Seuil - Cadre vert 2015 /  21 € - 137.55 ffr. / 281 pages
ISBN : 978-2-02-108372-9
FORMAT : 14,5 cm × 22,0 cm

Claude et Jean Demanuelli (Traduction)
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Après La Cité des amants perdus, La Vaine attente et Le Jardin de l'aveugle, les Éditions du Seuil nous présentent le premier roman de l'écrivain anglo-pakistanais Nadeem Aslam : Le Cri de l’oiseau de pluie nous décrit la vie au Pakistan pendant la dictature de général Zia, dans les années quatre-vingt.

Nous sommes dans une bourgade anonyme qui semble calme mais regorge de luttes intestines perturbant la communauté. Le juge Anwar, bien connu, riche et corrompu, est assassiné ; un sac de lettres qui a disparu dans un accident de train dix-neuf ans auparavant refait alors surface. Quels secrets contiennent ces missives ? Nous suivons de façon détaillée pendant une dizaine de jours la vie, les préoccupations religieuses et le quotidien de deux douzaines de personnages, pauvres et riches.

Cette petite ville est secouée par des événements imprévus. Maulana Hafeez, l’imam, tente d’aider la population musulmane, majoritaire. Azhar, le commissaire, essaie de savoir qui a tué le juge. Ils sont l'un et l'autre attachés avant tout au maintien de la paix, mais pour des raisons différentes. Pendant ce temps, Mujeeb Ali, propriétaire terrien et potentat local, torture tue et domine la ville par l’intimidation et la manipulation politique ; à l’échelle locale, il recrée les conditions imposées par le gouvernement Zia au niveau du pays. Il ne fait pas bon être un opposant... Nabi le coiffeur et Zafri le boucher sont une excellente source de potins locaux ; ils se cachent pour écouter un feuilleton radiophonique car l’interdiction touche même la radio et la télévision. Yusuf Rao est un avocat un temps activiste politique qui a soutenu le mauvais parti il y a dix-neuf ans. Saïf Aziz, le journaliste, veut faire un scoop sur ces lettres anciennes mais son passé politique revient le hanter.

Le style est très agréable, illustrant des moments quotidiens simples mais beaux. Avec aisance et grâce, Nadeem Aslam rapporte de cette ville la vraie vie, avec ses odeurs, les contrastes avec la saison des pluies qui gonfle les eaux de la rivière ; les murs sont saturés d’eau et les caniveaux engorgés noient les trottoirs. La plus grande préoccupation de l’imam est de ramener le commissaire sur le droit chemin car il vit avec une chrétienne sans être marié. La religion a une grande influence au Pakistan et toute la ville s’offusque, souffrant de voir la morale bafouée, alors que la communauté suit les préceptes du mollah à la lettre. Les femmes sont contraintes de porter la burqua pour sortir dans la rue... «Les pigeons sont des créatures impures dit l’imam en se levant et en regardant les perles de son chapelet. Rappelle-toi que les plaisirs matériels, s’ils sont faciles à obtenir n’ont pas grande valeur. La vérité ultime, c’est Dieu» (p.97).

Le mollah Hafeez se démène pour que loi coranique soit appliquée et que le commissaire abandonne sa relation coupable avec Elisabeth... qui ne porte même pas le voile. C’est une offense aux autres femmes musulmanes et l’auteur insiste sur cette intransigeance, signe d’une société retardée, féodale. Est-ce que la religion est vraiment l’opium du peuple ?

Une chronique sur une société gangrenée par le fanatisme religieux et la corruption, récit sur cette dizaine de jours qui suit la mort du juge, sans début ni fin, simplement dans l’ordre chronologique ; Nadeem Aslam nous montre la façon dont sont affectées les communautés locales par les conflits socio-politiques. Le spectre complexe d’allégeances politiques et culturelles à tous les niveaux plane sur le pays.

Il faut saluer la très belle traduction de Claude et Jean Demanuelli, ponctuée, et quel régal, de mots en ourdou, langue ô combien lyrique.


Eliane Mazerm
( Mis en ligne le 16/03/2015 )
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