| Lionel Salaün La Terre des Wilson Liana Levi 2016 / 17,50 € - 114.63 ffr. / 244 pages ISBN : 978-2-86746-822-3 FORMAT : 14,2 cm × 21,0 cm Imprimer
A lheure où Jim Harrison, le chantre des grands espaces américains, disparaît, le hasard veut que sorte ce court roman, sur la Grande Dépression des années 30 et la misère au fin fond de lOklahoma.
Dick Wilson, fils malheureux de Samuel, a quitté, adolescent, ce bout de terre ingrate au nord ouest de létat, en compagnie de sa mère, pour fuir la violence aveugle du père. Quinze ans plus tard, le voilà de retour avec chapeau et fine moustache, dans une belle voiture aux pare-chocs chromés. La Prohibition vient dêtre abrogée sauf dans certains états tels que lOklahoma, une véritable aubaine pour les bootleggers comme Dick, qui font fortune en écoulant lor liquide dans des minables speakeasy.
Pourquoi Dick Wilson revient-il au pays ? Pour les bordels, les maisons de jeu, de drogue ou lalcool ? Ou tout simplement pour les premiers gisements de pétrole qui commencent à prospérer et se venger du père qui les a tellement faits souffrir, immonde personnage, aussi dur avec les humains quavec les animaux. Dick na en effet que des mauvais souvenirs dans cette ferme. «Ce nest pas vers sa mère cloitrée dans sa chambre, peut-être aussi terrifiée que lui, quil court ce soir, mais vers sa sur de misère, son double animal, Jessie la mule, auprès de qui il se réfugie lorsque son père en a fini avec lui, contre laquelle il se blottit pour panser les plaies de son âme» (p.20).
Pendant son absence, Annie Mae, son amie denfance, a grandi et elle est devenue le souffre-douleur de Samuel, dont elle a une fille de neuf ans, Maggie, aussi maltraitée que sa mère par son père, rustre et violent. Les nuages de poussière, les Dust Bowls, déferlent sur la campagne de 1932 à 1938, noyant toute les terres. «Alors le nuage parti du fin fond du Dakota, gonflé de trois cent millions de tonnes de terre volée aux grandes plaines dévastées par des décennies dexploitation insensée, empli de cendres éparpillées au vent des Amérindiens de vingt nations anéanties et dans le tonnerre de milliers de bisons massacrés, dévora le soleil» (p.199). Dick cherche sûrement quelques réponses à ses propres démons...
Lionel Salaün renoue avec les paysages de lAmérique profonde, un monde féroce où seule la fraternité est rédemptrice. Un roman à lécriture précise, nerveuse, qui nous fait replonger dans la période terrible de la Dépression. Très intéressant pour l'arrière-plan historique et social, et fort d'une intrigue rondement menée.
Eliane Mazerm ( Mis en ligne le 08/04/2016 ) Imprimer
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