| Yukiko Motoya Comment apprendre à s’aimer Philippe Picquier 2016 / 16,50 € - 108.08 ffr. / 152 pages ISBN : 978-2-8097-1188-2 FORMAT : 13,0 cm × 20,5 cm
Myriam Dartois-Ako (Traducteur) Imprimer
Cest lhistoire dune femme, Linde
ou plutôt, ce sont les histoires dune femme, Linde, à 3 ans, 16 ans, 28 ans, 34 ans, 47 ans et 63 ans
Quelques années de la vie dune femme en butte avec elle-même, avec son manque dassurance adolescente, avec ses soucis domestiques, ses erreurs daiguillages sentimentales, son mariage aux vrais airs déchec, ses amis, ses hésitations, son confort et son envie (ou non) de sortir de sa zone de confort
Linde est une femme japonaise qui, comme bien dautres, se cherche, se marie, divorce, tente jour après jour de définir son bonheur, formé de petits riens ou de grandes choses : des amies avec qui elle puisse se confier, un homme qui la comprendrait, des demi-mots à dire, des sourires à partager ou des hontes à dissimuler. Six épisodes de la vie dune femme, non pas des épisodes majeurs, des bouleversements, mais plutôt des moments suspendus, une sieste à la maternelle, un voyage en couple émaillé de tensions, une après-midi entre amis avec un hypothétique soupirant, une partie de bowling entre copines sur fond de confessions, etc. Autant dinstants minuscules analysés au scalpel, pour y découvrir un trait de caractère, une recherche spirituelle qui va saffirmer, une quête de soi que lâge améliore.
Yukiko Motoya aime les moments de vie simples, les incidents minuscules décortiqués avec finesse : posée à côté de son personnage, elle observe, analyse, scrute, et décrit précisément les situations, les paysages mentaux, les arrière-pensées. Comment apprendre à saimer est un roman dapprentissage, non pas traditionnel mais pointilliste, formé de moments plus ou moins courts qui sont autant de portraits, à un instant T, dune femme. Il y a là une version littéraire des tableaux impressionnistes, évoquant, à plusieurs heures de la journée, un même paysage : le ton est simple, le style un peu lent et tranquille
Il ne se passe rien et en même temps, le temps passe et fait son uvre. Linde apprend la vie, apprend à trouver sa place, à choisir son bonheur et sa voie. Les bonheurs simples alternent avec les drames simples.
Un roman taillé comme un portrait psychologique, mais qui nose jamais aller trop loin et se contente de décrire, laissant le lecteur à ses propres conclusions. Un bel exemple de cette littérature japonaise qui, dans les détails, trouve les moyens de décrire un monde.
Gilles Ferragu ( Mis en ligne le 05/09/2016 ) Imprimer | | |