| Yannick Kujawa Elle dit Le Bateau ivre - Vert Nuit 2016 / 16 € - 104.8 ffr. / 160 pages ISBN : 13: 979-10-92622-21-8 FORMAT : 14,8cm x 21cm
Yves Charnet (Préface)
Lauteur du compte rendu : Arnaud Genon est docteur en littérature française. Il enseigne actuellement les lettres et la philosophie en Allemagne, à lEcole Européenne de Karlsruhe. Visiting Scholar de ReFrance (Nottingham Trent University), il a notamment publié Hervé Guibert, l'écriture photographique ou le miroir de soi (Presses Universitaires de Lyon, en collaboration avec Jean-Pierre Boulé, 2015) et un roman, Tu vivras toujours (La Rémanence, coll. Traces, 2016). Imprimer
Dans la très belle préface quil consacre au présent livre, Yves Charnet note : «Ce nest sans doute que ça, un fils. La voix de sa mère. De même quun écrivain nest rien dautre, à la fin, que quelquun qui entend des voix». Yannick Kujawa, dans son troisième livre que publient les éditions Le Bateau ivre, apparaît manifestement comme un écrivain de la voix ainsi quen témoigne celle quil restitue ici celle de sa mère dans toute sa simple beauté.
Ce qu''Elle dit'', elle, la mère, cest sa vie, son histoire, celle de sa famille, de ses origines polonaises. Une vie qui na pas été facile, avec la mort du père, alors quelle navait que dix ans puis avec la maladie de sa mère un cancer qui malgré la douleur continuait à travailler, à lusine. Une vie amoureuse avec Henri, son mari, à qui elle aimait écrire des lettres, quand il était au service militaire et avec qui, au début tout au moins, elle «sengueulait» dans la langue des aïeux.
Les petits bonheurs, les grandes peines jalonnent sa vie passée dans une cité minière du nord de la France. La vie, cette suite de souvenirs, défile à coup de petits riens, dépiphanies, de trahisons et de douleurs, un peu à limage de ces films super 8 transférés sur DVD dans lesquels elle se plonge : «Tout est mélangé. Une juxtaposition de séquences. (
) Je comble les blancs. Limage est un peu lente, entrecoupée, ça saute. Du passé qui remonte à la surface. (
) Je regarde. Je me noie dans les formes étranges de la brûlure».
Elle dit est le très bel hommage de lécrivain à cette voix quil porte si bien. Ce nest pas la sienne et cest aussi la sienne, bien sûr. Il ne peut y avoir dans cette histoire familiale que larchéologie dun moi pudique qui simmisce dans les silences du passé.
Arnaud Genon ( Mis en ligne le 19/10/2016 ) Imprimer | | |