| Julie Marx La Journée de la vierge
L'Olivier 2018 / 17 € - 111.35 ffr. / 185 pages
ISBN : 978-2-8236-1175-5
FORMAT : 14,0 cm × 20,6 cm
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En exergue une phrase de Kafka : «Sisyphe était célibataire». Célibataire comme la narratrice qui raconte sa journée particulière, ce 15 août à Paris ; le 15 août : «un must be de la déréliction».
Un long monologue tour à tour drôle, pathétique, à pleurer de rire, lent, rapide, à bout de souffle… Une jeune femme de 2018 qui travaille en free-lance pour une cliente, Margaret : «Margaret est ma Reine, à qui j’obéis, même si je désapprouve». Le travail : rédiger des notices publicitaires pour un produit anti-acné. Hors de ce travail : une évasion, le stand up qu’elle pratique avec talent, scène sur laquelle elle peut faire rire à partir de ses multiples déboires et désillusions, et le rire, comme on sait, est un souverain guérisseur… davantage sans doute que le psy douteux auquel elle confie ses angoisses.
Seule à Paris un 15 août, c’est être plus que seule, c’est expérimenter la solitude absolue, sans fond ; même sa plante, nommée Beethoven car elle est «sourde comme un pot», meurt, c’est dire… Seule compagne : Lady S., Lady Solitude. Autour d’elle, des individus tous aussi seuls, désemparés, comme Laetitia, survivante amochée d’un suicide raté.
Le tout pourrait donner un roman noir, et Julie Marx en fait une aventure déjantée et hilarante, au bout de laquelle se trouve peut-être l’espoir, réfugié dans les derniers mots du récit : «À suivre». Julie Marx, dont c’est le premier roman, a été chroniqueuse (magazine Causette) et a tenu le blog ''La Mouche et la Vitre'', à Libération de 2008 à 2012. On retrouve ici le rythme de l’écriture d’un blog, les sauts d’un sujet à l’autre, la sensibilité à son époque. Ce journal d’une loser lucide qui n’a pas dit son dernier mot est une tonique leçon de survie générationnelle.
Marie-Paule Caire
( Mis en ligne le 27/07/2018 )
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