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A reculons
Benoît Duteurtre   En marche ! - Conte philosophique
Gallimard - Folio 2020 /  7,50 € - 49.13 ffr. / 240 pages
ISBN : 978-2-07-287345-4
FORMAT : 11,0 cm × 18,0 cm

Première publication en octobre 2018 (Gallimard - Blanche)
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Tel un merle moqueur, le romancier et essayiste Benoît Duteurtre vient se poser allégrement sur votre épaule et siffler une petite mélodie fort acidulée à votre oreille. Un ton léger, voire badin, à l'inverse de tout style prétendûment avant-gardiste, qui délaisse l'observation du monde pour la fascination narcissique de la recherche en écriture ; les romans de Duteurtre offrent un paysage croqué avec finesse, mettant en avant une critique du monde contemporain, comme on le découvrait dans L’Amoureux malgré lui (1989), Tout doit disparaître (1992), Gaieté parisienne (1996) ou Drôle de temps (1997).

Fin critique musical, avec des préférences pour Ravel et Messiaen, entre autres, ce merle moqueur peut hausser le ton quand il s'attaque à la musique contemporaine et notamment à Pierre Boulez dans Requiem pour une avant-garde (1995) qui souleva de vives polémiques. On retrouvera ce persiflage plus engagé dans Polémiques (2013), mais toujours dans un style sobre. Depuis 1999, Benoît Duteurtre est producteur et animateur d'une émission radio, ''Étonnez-moi Benoît'', consacrée à l'opérette, à la chanson traditionnelle et à la musique légère. On retrouve ce même ton dans plusieurs autres romans comme Service Clientèle (2003), La Rebelle (2004), La Petite Fille et la cigarette (2005) ou La Cité heureuse (2007).

Avec le souci des aspects concrets de l'époque, ce ton espiègle et malicieux n'est jamais acerbe, mais ironique, empreint de légèreté, volontairement facétieux. Parfois il y a de la gravité, mais elle n’est jamais pesante tant l'auteur pointe les travers ridicules de la modernité. On retrouve cette approche à l’évidence dans En marche ! qui se moque benoîtement d'une certaine politique libérale enchanteresse, mais qui recouvre des régressions apparentes et concrètes. Avec subtilité, le romancier adopte au début les regards de ses personnages, embués par le rêve ou l’idylle, pour en montrer l’envers souvent sinistre ou grotesque.

Le héros du roman, Thomas, est un jeune député curieux, qui entreprend un voyage d’études en Rugénie, cité modèle de la nouvelle économie du Bien, sous la houlette de Stepan Gloss, un pays devenu la vitrine idéale du monde moderne entre services privatisés, cités sans voitures et championnats de l’anti-discrimination tous azimuts. Et il marche, le jeune Thomas, déambulant de plus en plus, hagard face à ce qu’il constate ! Au début, il est ravi, des étoiles plein les yeux, de découvrir son rêve enfin devenu réalité. Mais de déconvenues en déceptions, il se prend à être un tantinet plus critique et découvre que cette parure n’est qu’une farce. Et quand un autre personnage, Mélanie, entre en jeu, la situation se complique...

Entre conte philosophique à la Voltaire, critique à la Orwell de ce monde libre sans cesse surveillé et bardé de réglementations contraignantes, voire anticipation à la Huxley - un ''meilleur des mondes'' en carton-pâte -, le roman est souvent drôle dans la façon dont il ironise, entre rêve et cauchemar, sur cette cité enchanteresse, un supermarché clinique. Cela n’a rien d’un pamphlet et adresse toujours par allusion des fléchettes au monde contemporain dans ses aberrations grotesques, jamais avec la lourdeur éléphantesque de sa propre certitude. La légèreté aérienne de l’oiseau.

On ne peut que songer, par ce ton, au personnage de Hulot dans les films de Jacques Tati, notamment Playtime (1967) ; une même façon naïve, mais néanmoins critique, de découvrir, l’air éberlué, le monde dans lequel le personnage central évolue, derrière ses devantures et ses vitrines lustrées ou transparentes...


Yannick Rolandeau
( Mis en ligne le 28/02/2020 )
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