| Murielle Magellan Changer le sens des rivières
Julliard 2019 / 19,50 € - 127.73 ffr. / 240 pages
ISBN : 978-2-260-03010-2
FORMAT : 13,2 cm × 20,7 cm
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Le Havre, aujourd’hui : Marie est barmaid, Alexandre est artiste, étudiant passionné de cinéma et futur réalisateur… et Marie l’aime, follement, trop peut-être. Car Alexandre, ce n’est pas son monde. Trop intello, trop cinéphile, et pas très ouvert. Lorsque Alexandre lui explique gentiment qu’ils ne sont pas faits l’un pour l’autre, Marie explose, devient violente. Après, c’est une autre histoire : police, tribunal, sanction. Et indemnités. Marie n’a pas le sou, elle va devoir trouver un mécène pour éviter des ennuis supplémentaires. Pourquoi pas le juge qui l’a condamnée ? Lequel lui propose un accord de financement, un prêt contre des heures de conduite. Autre contraste, le juge taiseux et gentiment paternaliste, et la jeune fille intimidée… une rencontre ?
Changer le sens des rivières rappelle, dans son début Pas son genre, le roman de Philippe Vilain : la rencontre entre deux personnes que tout sépare. Mais Marie, l’héroïne de Murielle Magellan, n’a pas la simplicité heureuse, elle subi sa pauvreté et cherche juste à survivre. Alors le roman ne tourne pas immédiatement au conte de fée : il y a là des mondes différents, des plaies sociales à refermer. Entre le juge obèse et silencieux, écrasé par son passé, et la jeune fille en révolte, à la fois indignée et dépourvue des outils pour se libérer, les choses avancent lentement.
L’auteur observe, note les émotions, surveille les aveux, les fréquentations. Car chacun cache en son sein des tas de petits secrets… et il faut beaucoup pour les ouvrir au regard de l’autre. Alors le lecteur, quoique convaincu d’une fin heureuse, ne sait pas deviner laquelle, et se laisse finalement attraper par cette question qui domine ce livre bien écrit et entraînant : comment se libère-t-on soi-même ? Comment échappe-t-on à ses démons ? Un roman très réussi donc, une belle histoire pas forcément simpliste ou stéréotypée, mais qui sait jouer sur le besoin de bonheur et de liberté que chacun porte en soi.
Gilles Ferragu
( Mis en ligne le 01/02/2019 )
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