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| Littérature -> Romans & Nouvelles |
| Marco Amerighi Le Temps qui reste
Liana Levi 2019 / 20 € - 131 ffr. / 336 pages
ISBN : 979-10-349-0113-5
FORMAT : 14,0 cm × 21,0 cm
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Eté 1985, à Badiascarna, petit village accroché à une colline toscane, loin des villes d’art et des cartes postales. Le narrateur, Saura Terra, a 14 ans et tue le temps en chassant les lézards et en se passant en boucle sur un vieux magnétoscope les concerts de son idole, David Bowie. Il a un poster de la star dans sa chambre, qu’il cache derrière l’image du Padre Pio quand il entend sa mère arriver !... Il ne sait quoi faire de ses vacances dans ce trou perdu ; il sait seulement que sa vie sera le contraire exact de celle de son père.
A 51 ans, ce dernier, jeune retraité de la centrale géothermique Novalago dont les deux grosses tours polluent le paysage, a coupé les ponts avec le monde extérieur et se perd dans les bois en déclamant des citations communistes. Rino ne sait pas encore qu’un mésothéliome, dû aux fibres d’amiante qui recouvrent d’un nuage invisible toute la région, lui ronge les poumons et le cœur. «Au début du XXe siècle, on a découvert qu’il y avait sous Badiascarna des milliers de poches d’eau et on a sondé le terrain à la foreuse, puis transporté la vapeur vers une turbine. Seul prix à payer, les kilomètres de tuyaux argentés qui éventrent la terre et la poussière d’amiante qui a rendu mon père malade».
Saura a une idée de génie (grâce à David Bowie) avec les amis de son âge, Momo qui a peur de tout, le Docteur aux yeux de glace et Trifo, un jeune un peu simplet qui a des visions oniriques : ils vont fonder un groupe punk ! Peu importe que la salle de répétition soit une chambre froide inoccupée dans un abattoir et que personne ne connaisse vraiment la musique. Quand Béa, une fille aux cheveux de blé et dynamique, les rejoint, tout semble parfait. La nuit précédant un concours de musique, la dramatique disparition de Trifo chasse cependant les rêves du groupe.
Vingt ans plus tard, rien n’a changé à Badiascarna. Saura est parti vivre à la ville, éloigné par son père après la tragédie. Informé que celui-ci s’est évanoui dans la nature et a disparu, il revient au village. Même s’il ne veut pas l’admettre, c’est la dernière occasion pour avoir des réponses aux questions qu’il se pose depuis 1985 : pourquoi son père l’a-t-il éloigné, qu’est-il advenu de Trifo et que son devenus ses amis de jeunesse ?
Alternant le présent (2005) avec la recherche de Rino et ces journées de l’été 1985 qui changèrent pour toujours la vie de quatre jeunes provinciaux, Marco Amerighi écrit avec une grande force descriptive, capable de mettre en scène les rêves et les tourments de l’adolescence. Les deux disparitions, Trifo en 1985 et Rino en 2005, servent de fil rouge au récit.
C’est un roman de formation, qui décrit l’importance de l’amitié, le drame de la trahison et le passage à l’âge adulte ; l’adolescence est un terreau très fertile, les jeunes se sentent invincibles, incorruptibles, sûrs que rien ne pourra les changer. Dans cette illusion perdure leur âme d’enfant. Certains sauront se construire et d’autres feront des concessions pour survivre. Il y a quelque chose d’unique dans l’attente de sa propre identité. Ces jeunes veulent un futur différent et idéalisé.
Un très bon récit qui a reçu en Italie le prix Bagutta du premier roman 2019.
Eliane Mazerm
( Mis en ligne le 29/03/2019 )
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