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Le crépuscule des Dieux
Quentin Debray   Jean et Julie - ou l'histoire philosophique et amoureuse de Jean d'Alemebert et Julie de L'Espinasse
Orizons - Littératures 2019 /  26 € - 170.3 ffr. / 358 pages
ISBN : 979-10-309-0196-2
FORMAT : 15,5 cm × 24,0 cm
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Quentin Debray, psychiatre et écrivain, a déjà publié plusieurs essais scientifiques (Vivre avec une dépression, Le Rocher, 1992 ; Les Personnalités pathologiques : approche cognitive et thérapeutique, Masson, 1997) et des romans où il conjugue fiction et personnalités littéraires, comme La Bataille de Nancy (Le Rocher, 2007) ou L'Enfant Sade (Pierre-Guillaume de Roux, 2013). Cette fois-ci, il projette son lecteur dans la France des Lumières, en plein Paris, où se joue une étrange relation entre Jean d’Alembert et Julie de l’Espinasse. Qui sont-ils ?

Jean d’Alembert (1717-1783) fut un mathématicien, physicien, philosophe et encyclopédiste français. Fruit d’un amour passager, abandonné par sa mère, il fut déposé sur les marches de l’église Saint-Jean le Rond et confié à Geneviève-Elisabeth Legrand, femme du vitrier Pierre Rousseau. Reçu avocat en 1738, il entreprend des études de médecine, puis les abandonne au profit des mathématiques. À 21 ans, il se présente à l’Académie des sciences. Et c'est en partie grâce à deux publications qu'il est admis, en 1741, à l'Académie royale des sciences de Paris. Un an plus tard, il est nommé adjoint de la section d’astronomie de l’Académie des sciences. En 1743, il publie son célèbre Traité de Dynamique et en 1746, il est élu associé géomètre. Il collabora avec Diderot à l’Encyclopédie dont il rédigea Le Discours préliminaire.

Ami de Voltaire, d’Alembert est un habitué des salons parisiens, celui notamment de Marie du Deffand. Ce dernier est fréquenté par des écrivains et philosophes tels que Fontenelle, Montesquieu, Marmontel, Marivaux ou Condorcet. Et c’est parce que Marie du Deffand a noué une amitié avec D’Alembert que ce dernier va rencontrer Julie de l’Espinasse, sa nièce et fille de la comtesse d’Albon. La venue de Mme du Deffand au château de Chamron où Julie avait été placée va tout changer. Ce sera une relation particulière qui liera Jean et Julie. Outre d’avoir des atomes crochus et d’être tous les deux des enfants naturels, cette relation conjugue passions sensuelle et spirituelle.

Le roman de Quentin Debray prend donc place à une époque charnière où la Raison fait feu de tout bois. Pas seulement la Raison car il n’y a rien de strictement cérébral ici. Érotique, le roman l’est aussi, décrivant sensuellement, au tout début par exemple, les désirs qui assaillent le jeune d’Alembert. Il déploie en phrases sinueuses, telles des serpentins colorés, toutes les strates du désir, l’éveil des sens allié à la raison et à la connaissance, emmenant le lecteur dans un tourbillon à donner le vertige parfois.

C’est ce qui ressort de ce roman qui semble pointer le moment crucial où l’être humain dans son développement trouve un accord temporaire, mais beau et sublime, entre le corps et l’esprit, la spiritualité et les sens. Le roman mélange donc volontairement dialogues philosophiques et expériences sexuelles et sensuelles, en un tout indiscernable. Comme si les deux ne pouvaient être séparés, fruits quasi miraculeux propre à l’être humain, le distinguant de l'animal. Une époque éclatante que le romancier agrémente de passages délicats et naturalistes dans une lumière pétillante. Quentin Debray relève la beauté d’un monde dans ses aspérités, ses couleurs, sa complexité, ses étranges atours. On pense aux tableaux de Fragonard. Ici, femmes et hommes sont des êtres cultivés ; Marie de Duffand ou Julie de l’Espinasse discutent librement avec Voltaire.

Par rapport à notre époque, tout est déjà là : hétérosexualité certes, mais aussi homosexualité, lesbianisme, orgie, libertinage, etc. À la différence que toutes ces expériences sont vécues dans l’immanence du moment, sans intermédiaire médiatique, sans virtualité, sans exhibition, en secret si l’on veut, un côté humain et artisanal, et non la cadence industrielle et vulgaire de notre époque, entre pornographie et prescription de jouir dans la masse. Au final, un roman que l'on dira crépusculaire, derniers feux d’une époque à jamais révolue.


Yannick Rolandeau
( Mis en ligne le 02/07/2019 )
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