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Observance
Miriam Toews   Ce qu'elles disent
Buchet Chastel 2019 /  19 € - 124.45 ffr. / 226 pages
ISBN : 978-2-283-03248-0
FORMAT : 14,3 cm × 20,6 cm

Lori Saint-Martin & Paul Gagné (Traducteurs)
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Miriam Toews (1964) est née dans une communauté mennonite du Manitoba au Canada, qu’elle a quittée à dix-huit ans en abandonnant une partie de ses proches. Les mennonites sont des chrétiens anabaptistes. Ce mouvement est issu de la Réforme protestante. Les mennonites sont pacifistes, rejettent toute modernité et n’ont de contact avec le monde extérieur que pour l’échange des denrées. Ils ressemblent beaucoup aux Amish.

En 2011, l’auteure découvre un horrible fait divers, dans une colonie bolivienne ultra orthodoxe : le viol de cent-trente femmes et fillettes droguées avec un spray de belladone à usage vétérinaire, de 2005 à 2009. Le plus triste, c’est que malgré les procès, les viols continuent encore aujourd’hui, et demeurent un sujet tabou. Aucune assistance psychologique n’a été proposée. Les femmes élèvent les enfants nés des viols. Il y a en Bolivie une cinquantaine de colonies plus ou moins importantes. Miriam Toews veut absolument écrire pour témoigner sur ce sujet qui la tourmente, pour donner à ces femmes une voix, une identité et surtout faire connaître leur situation qui implique de ne jamais apprendre à lire et écrire, et recevoir la version biaisée par les hommes du Nouveau Testament... pérennisant ainsi la domination masculine. Pour préserver cette soumission féminine, les contacts avec l’extérieur sont proscrits et les mennonites parlent le Plautdietsch ou Plattdeutsch, un bas allemand du XVIe siècle, issu de la Prusse orientale, une langue qui les enferme un peu plus dans une intemporalité effrayante et un isolement social.

Le roman nous fait suivre deux jours de conciliabules entre huit femmes de tous âges, issues de deux familles, pour décider de leur avenir. Elles profitent de l’absence des hommes, retenus en ville par l’arrestation de certains et la caution que d’autres tentent de réunir pour les faire libérer. Mais le temps est compté. Elles ont trois possibilités : ne rien faire, rester et se battre, ou partir... Mais où ? Elle n’ont jamais quitté la colonie.

Chaque solution porte son lot de questions et de problèmes, ouvrant sur de longues discussions philosophiques. C’est August Epp, l’instituteur, autrefois chassé de la communauté, qui fait le compte-rendu de ces réunions des 7 et 8 juin 2009, en éveillant les consciences autour de lui et en traduisant en anglais : «Au final, ce compte-rendu ne leur sert à rien car elles ne lisent pas. Mais elles sentent que quelque chose d’important se passe et elles veulent en garder trace». Dans un premier temps, les hommes ont convaincu les femmes que les viols étaient l’œuvre du diable jusqu’à la nuit où l'une d’entre elles a assommé un agresseur, membre de sa famille.

A côté de la mise en lumière de ces événements hélas véridiques, et de la condition révoltante de ces femmes, le récit pose des questions philosophiques et religieuses sur le pardon, la vengeance, la foi. Il fait réfléchir sur ce mode de vie autarcique. «A Molotchna, la chance n’existe pas. Il est péché d’y croire. Il est honteux de pleurer. Comme tout est voulu par Dieu, rien dans sa création n’est laissé au hasard».

Ce qu’elles disent est un roman glaçant, qui rappelle que la religion strictement observée n’a pas beaucoup d’égards pour la femme, être considéré comme inférieur dans beaucoup de croyances. «La colonie tout entière repose sur le patriarcat et nous les femmes ne sommes que des servantes muettes, soumises et dociles, des animaux».


Eliane Mazerm
( Mis en ligne le 04/10/2019 )
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