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Le prix de la liberté
Love me tender
Flammarion 2020 /  18 € - 117.9 ffr. / 187 pages
ISBN : 978-2-08-147173-3
FORMAT : 13,6 cm × 21,0 cm
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. «Je ne vois pas pourquoi l’amour entre une mère et un fils ne serait pas exactement comme les autres amours. Pourquoi on ne pourrait pas cesser de s’aimer (…), je ne vois pas pourquoi on ne pourrait pas s’en foutre une fois pour toutes de l’amour prétendu, de toutes les formes d’amour, même de celui-là».

Livre coup de poing, le second roman de Constance Debré secoue, séduit ou révolte, sans laisser indifférent. Constance soigne bien son apparence de fille-mec, porte des chaussures Weston, se parfume avec Habit Rouge, a gardé sa vieille Rolex. Il y a des limites à la pauvreté, on peut devenir SDF mais rester snob. Elle n’est plus avocate au pénal, se consacre à l’écriture, ce qui ne nourrit pas toujours son homme, c’est bien connu. Elle finit par abandonner son appartement, squatte chez ses amantes, vole à l’étalage, rarement, en cas de grande nécessité. Mais quand elle quitte le matin ses nombreuses conquêtes, elle ne se gêne pas pour se servir dans le réfrigérateur. Ses relations sexuelles sont brouillonnes, avec des filles qui ne lui donnent que du bonheur physique. Elle ne fait pas dans le sentiment, elle ne recherche aucune stabilité.

Le seul problème qui la trouble un peu, c’est son fils Paul, qui grandit sans la voir régulièrement car Laurent, le père avec qui elle fut mariée pendant vingt ans, fait barrage à cause de ses relations irrégulières. Lors de la séparation, elle avait la garde alternée, puis la situation s’est dégradée et Laurent fait à présent tout pour éloigner Paul de sa mère. L’enfant se laisse convaincre car il recherche peut-être la stabilité.

Bien sûr le père est dur mais est-ce une vie de mère, sortir le soir et vivre chichement de sa plume, quand on pourrait être avocate ? L’enfant n’a pas à souffrir de ce laisser-aller volontaire, cette soi-disant liberté et cette sexualité débridée. Constance fait le constat de son infortune avec des mots très simples, dénués d’émotion, en ne donnant que son point de vue, autour d'un ego important, sans dialogue. Elle assène les phrases pour que le lecteur s’approprie ses mots ; cette sècheresse de cœur est-elle à son avantage ?...

Est-ce que cette attitude est indispensable pour devenir soi, et à quel prix ? Perdre son enfant de vue, pour une mère, est en principe un traumatisme sévère, mais apparemment elle n’a pas l’instinct maternel, elle semble résignée, avec une certaine auto-complaisance. Elle fait appel à une association ; après de longs mois qui font des années, elle obtient un droit de rencontre sous surveillance puis un droit de visite. Mais Paul est déboussolé, il ne sait pas s’il peut compter sur sa mère, si cet amour est solide ou superficiel.

Constance Debré ramène tout à elle, son mode de vie, ses amours féminines, ses difficultés quotidiennes, et présente comme une grande résilience chez son fils. Il est obligé de se contenter des miettes qu’elle veut bien lui laisser et elle ne semble pas souffrir de ce qu’elle a manqué pendant toute l’enfance de Paul. Il est marqué à vie et ne lui pardonnera pas son indifférence. Le traumatisme est imprimé dans son esprit. Il se posera trop de questions pour être épanoui. Est-ce de l’abnégation ou de l’égoïsme de la part de la mère ? Difficile à dire...

«J’apprends que je peux aimer n’importe qui, désirer n’importe qui, jouir avec n’importe qui, m’ennuyer avec n’importe qui, haïr n’importe qui, j’apprends qu’il y a très peu de différence entre aimer et ne pas aimer, je crois que ce n’est pas si grave, pourquoi est-ce qu’il faudrait que ce soit plus que ça l’amour, le désir, pourquoi tant d’histoires, je me le demande». Cette autofiction montre à quel point Constance Debré est prête à sacrifier une partie de sa vie pour sa liberté ; il n’y a rien de «tender» dans son récit. Elle laisse son fils, qui n’a pas demandé à naître, sur le bas-côté au nom de son indépendance physique et mentale. Où est alors le bonheur ?...


Eliane Mazerm
( Mis en ligne le 10/02/2020 )
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