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Un roman des deux Naples
Elena Ferrante   La Vie mensongère des adultes
Gallimard - Du Monde Entier 2020 /  22 € - 144.1 ffr. / 403 pages
ISBN : 978-2-07-289921-8
FORMAT : 14,0 cm × 20,5 cm

Elsa Damien (Traducteur)
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Armée d'un impressionnant talent romanesque, Elena Ferrante captive son lecteur avec ce récit d'une entrée dans l'âge adulte au cœur de la Naples des années 90. L'adolescente et narratrice s'appelle Giovanna, Gianní est son diminutif. Sur quelques années, cette petite fille modèle parfait le portrait que fit, à son insu, crut-il, lors d'une conversation avec sa mère, son père Andrea, craignant que sa fille ne ressemble de plus en plus à sa tante, Vittoria, la sœur honnie. Dompter cette ''laideur'', reconquérir sa beauté. "A cette époque, le mensonge et la prière entrèrent durablement dans ma vie quotidienne".

Signalant par ces mots à sa fille comme une sorte de laideur, Andrea provoque en effet et malgré lui une crise identitaire durable, poussant non seulement Giovanna à rencontrer sa tante, qui la fascine, l'inspire, l'inquiète - tout comme son monde, une Naples "autre" -, mais aussi à prendre ses distances avec des parents trop beaux, trop bons, trop lisses. Andrea est ce professeur et intellectuel dur au labeur, à la morale droite, la tolérance et le calme absolus... croit-on... Que de mensonges, en fait, annoncés dès le titre !... Giovanna, en même temps qu'elle interroge sa propre laideur, découvre alors les balafres et les ecchymoses qui creusent et marbre ses proches : ses parents, sa tante, mais aussi ses proches amies Angela et Ida, et leurs parents, et la "famille" de sa tante : Margherita et ses trois enfants Tonino, Corrado et Giuliana.

Des liens se révèlent, d'autres se tissent... ou se défont alors que Gianní avance dans cette Odyssée intime, offrant sur le monde un regard précis autant que naïf. "L'obéissance est une maladie de peau ?", commente-t-elle en découvrant l’eczéma rongeant le curé Don Giacomo. Des passerelles se construisent aussi, qui permettent ces liens ; aux rivalités familiales - drames, broutilles, rancœurs vivaces - se superposent celles, sociales, entre la Naples des riches - à San Giacomo dei Capri où Gianní vit avec ses proches - et celle, modeste et dangereuse, du quartier du Pascone. L'altitude dans la ville signifie aussi une position sociale. Cette dernière est tantôt masquée tantôt révélée aussi par cet objet dont Gianni fait également la découverte et l'apprentissage : le langage, qu'il s'agisse de l'italien policé de la bourgeoisie instruite, où du dialecte coloré, sans fard, des milieux populaires... Et toutes les déclinaisons unissant l'un à l'autre.

On pense à La Massaia de Paola Masino, à la Modesta de Goliarda Sapienza (L'Art de la joie), quand on imagine les traits et la vie de la jeune Giovanna, être subtil confronté à la brutalité du monde adulte. Un caractère. Superbe héroïne d'un roman à lire goulument.


Thomas Roman
( Mis en ligne le 26/06/2020 )
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