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Engrenage
Négar Djavadi   Arène
Liana Levi 2020 /  22 € - 144.1 ffr. / 425 pages
ISBN : 979-10-349-0309-2
FORMAT : 14,3 cm × 21,0 cm
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Négar Djavadi avait rencontré un grand succès justifié avec son roman Désorientale (2016). Dans un genre très différent, Arène devrait tout autant toucher un vaste public. Un roman âpre, d’une écriture rapide, parfaitement maîtrisée, où tout se bouscule : personnages, convictions, images et clichés… Une histoire urbaine, quasiment quotidienne, dans la France de 2020 : un fait divers qui pourrait sombrer très vite dans l’oubli, s’il n’était filmé, aiguisant la rage haineuse des réseaux sociaux.

Le cadre de départ : le Paris des zones misérables, marginales, des cités en proie aux trafics de tout genre, dont celui de la drogue, des bords du canal Saint-Martin où se mélangent pauvres des cités voisines, et bobos attirés par les prix bas de l’immobilier et la fierté d’habiter un quartier où survit une mixité sociale…

Négar Djavadi multiplie les personnages : Benjamin Grossmann, l’homme par qui tout arrive, élevé par sa mère, Cathy, monteuse de cinéma, dans le culte du film et de l’image. Une enfance passée dans une cité de Belleville qui était alors un milieu sans grande histoire. Benjamin : l’histoire d’une réussite fulgurante qui emprunte les canaux des années 2000, un emploi dans une maison de production américaine (BeCurrent) au succès phénoménal, qui fait réaliser des séries branchées sur l’actualité. La prospérité pour l’enfant des cités, dont les liens se sont distendus avec sa mère, et qui va partir s’installer à Dublin où, pour des raisons fiscales, BeCurrent établit désormais son siège.

Asya Baydar est une jeune policière d’origine turque, venue à Paris pour échapper à sa famille traditionnelle établie à Strasbourg ; elle aime son métier. Stéphane Jahanguir, métis, a trouvé sa vérité dans la foi musulmane et se veut le porte parole reconnu d’une communauté méprisée en France. Camille Karvel : le père médecin, la mère ayant choisi de devenir enseignante, des parents divorcés qui vivent dans le quartier. Camille rêve de connaître la célébrité sur les réseaux sociaux et filme sans relâche avec son iPhone tout incident qui lui permettra de l’obtenir, et qu’elle retouche pour le rendre plus efficace…

Sans oublier les anonymes, les Chinois victimes de la cupidité de leurs employeurs, les gamins des cités perdus dès l’enfance, les afghans clandestins qui campent le long du canal, la candidate à la mairie de Paris et son conseiller scénariste raté qui resurgit dans ce rôle lucratif, les profiteurs de scandale, etc.

Au départ, un incident qui aurait dû rester mineur : Benjamin, qui est venu voir sa mère, entre dans un bar-tabac, croise un Chinois adepte de jeux à gratter, se fait bousculer par un jeune aux Nike étincelantes, et, revenu à sa voiture, réalise qu’il perdu son téléphone. Un incident banal, mais Benjamin prend la mauvaise décision, certain de son interprétation des faits, et la tragédie se déroule de façon inexorable, incluant des dizaines de personnes, certains contre leur volonté, d’autres car ils y voient matière à profit…

Dans ce ''Bûcher aux vanités'' aux couleurs de la France d'aujourd'hui, Négar Djavadi n’épargne personne, et dresse un constat implacable sans chercher pour autant ni à définir des responsabilités simples ni à condamner. Tous sont pris dans le cours infernal d’un destin qui aurait pu être différent si… Mais la chance n’a pas joué et l’escalade de la violence s’accélère jusque dans l’apocalypse finale. Les survivants n’en sortiront pas indemnes, pas davantage que le lecteur.

Bien écrit, bien construit, Arène tend ainsi à notre société un miroir tragique.


Marie-Paule Caire
( Mis en ligne le 04/09/2020 )
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