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Le premier Jacques Rigaut
Pierre Drieu La Rochelle   La Valise vide
Fata Morgana 2020 /  15 € - 98.25 ffr. / 73 pages
ISBN : 978-2-37792-067-9
FORMAT : 14,6 cm × 22,6 cm
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. «Or l'art, en donnant du prix aux sensations, offre aux hommes leur seule chance de réaliser la vie» (Drieu la Rochelle, La Valise vide, 1923.

La Valise vide est le premier texte en prose de Drieu La Rochelle (1893-1945), publié dans le numéro 119 de la N.R.F. en août 1923. Cette nouvelle est inclue dans Plainte contre inconnu (1924), premier recueil de nouvelles de l'auteur, dans une version légèrement modifiée. C’est le texte de 1923 que Fata Morgana publie ici, presque 100 ans après sa parution.

Ce court récit analyse le rapport fort, bien que contrasté, qui unissait Drieu La Rochelle à Jacques Rigaut (1899-1929), tous deux vingtenaires et fréquentant les avant-gardes de l’époque, Dada puis le mouvement surréaliste, avant de s’en départir rapidement. Ce portrait, tout en élégance de style et en puissance d’évocation, dresse une vision à la fois négative voire méprisante du dandy Rigaut, tout en conservant les attraits classiques d’une amitié naissante. Drieu était un écrivain déchiré par ses contradictions et cette première œuvre en témoigne aisément. Le dandy désespéré qu’était Rigaut fut davantage ému d’être devenu un personnage littéraire dans l’œuvre de son compère plutôt que mécontent d’y apparaitre sous les traits d’un «pauvre type» méprisé par son narrateur (peut-être grâce à la distanciation énonciative !).

Dans le Paris des années 20, les deux écrivains vivotent, dépensent leur argent plus vite qu’ils ne le gagnent misérablement. Ils s’adonnent surtout au jeux de hasard, au vol dans les hôtels de luxe (une passion chez le collectionneur Rigaut), à la séduction de belles femmes mondaines, voire à la luxure dans les maisons closes, puis à la consommation d’héroïne. Mais tout est sujet à caution (et à problème) chez Rigaut qui déjà portait son suicide à la boutonnière. Les années folles, décriées comme belles et festives, ont conduit plus d’un romantique au désœuvrement puis à la mort violente. Rigaut fut ainsi, incarnant la figure plus mythique de personnage littéraire (Drieu lui consacra trois textes, c’est dire l’influence de son ami sur son œuvre : La Valise vide, Le Feu follet, Adieu à Gonzage), plutôt que celle d’écrivain (en dépit de l’excellente biographie de J-L Bitton, parue l’an dernier).

Il ressort de cette nouvelle assez forte esthétiquement le véritable désœuvrement mondain de l’époque. La guerre a dix ans, une génération d’écrivains fascinants va éclore (Breton, Aragon, Drieu, Gracq, Green, Queneau, Sartre, Camus, etc.). L’ennui, la solitude et la quête du bonheur vont de pair. Nos deux écrivains, l’un sans œuvre et l’autre en train de la former, errent dans un Paris nocturne (ou à Marseille), en quête de plaisir, surtout la quête du sens de leur vie. Ils finiront mal mais pour des raisons qui déjà sortent des limites de cette nouvelle. Rigaut se suicide à son retour des Etats-Unis (où il s’apprête à partir dans La Valise vide) en 1929 en réussissant presque l’acte surréaliste ultime. Drieu, écrivain installé qui prend les rênes de la N.R.F. durant l’Occupation, ne supporte pas de s’être trompé politiquement et se suicide 16 ans après son ami.

La Valise vide – elle était pourtant bien remplie lorsqu’on a découvert le corps inanimé du dadaïste dans sa chambre de repos (il faisait une cure de désintoxication), – est un témoignage émouvant sur cette amitié rompue déjà par la vie, puis par le suicide de Rigaut, enfant symptomatique et tragique des années folles.


Simon Anger
( Mis en ligne le 02/12/2020 )
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