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Jeux de rôles
Vinciane Moeschler   Alice et les autres
Mercure de France - Bleue 2021 /  18 € - 117.9 ffr. / 208 pages
ISBN : 978-2-7152-5668-2
FORMAT : 14,0 cm × 20,5 cm
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Vinciane Moeschler, journaliste et écrivaine bruxelloise, aborde le problème d’une maladie psychiatrique. A la Clinique Saint-Charles, dans l’unité psychiatrique, Alice est une enfant de sept ans, accrochée à sa vieille poupée Sophie, choyée par Jasmine, son infirmière référente, une femme bienveillante et maternelle qui sait l’apaiser. Jasmine est déroutée par le comportement de la fillette. Les traitements sont vains. Elle réclame toujours son biberon, et le manque de puéricultrice dans ce service est flagrant. Alice semble vouloir régresser jusqu’à sa toute petite enfance, dans la pureté et l’innocence d’avant un traumatisme, mais les soignants ne parviennent pas à dénouer les fils de ce mystère. Elle a un blocage, une certaine méfiance qui l’empêche de mettre des mots sur un drame dont on ignore tout, toujours près de décompenser. L’infirmière n’ose pas la confronter à son comportement décalé de nourrisson.

Emile, bientôt soixante-dix ans, est ancien mineur antipathique, usé par le charbon, insomniaque et misogyne, un homme fruste qui se souvient de la peur du coup de grisou dans les entrailles de la terre. Betty est une jeune femme aguichante qui hante un café sordide dans une petite ville du Nord, vend son corps à de vieux libidineux et semble chercher à s’humilier pendant ces rapports rapides et répugnants dans les toilettes du bar. Son imagination lui permet de s’absenter mentalement de ces échanges. Elle connaît bien le vocabulaire médical et l’utilise pour répondre au psychiatre éberlué par sa mémoire sélective.

A Coroy, dans les Ardennes, vit Alice Morin, avec son mari Guy, courtier en assurances-vie, et leur trois enfants. Femme au foyer, collectionnant des poupées méticuleusement rangées dans une vitrine, elle se rassure en les contemplant bien en ordre. Elle aime leur raconter des histoires, les habiller délicatement, aidée par son mari qui les répare. Elle a une relation de couple fusionnelle, elle se repose sur lui. Parfois, elle a des absences soudaines et brèves, des malaises. Elle est alors hospitalisée en psychiatrie dans le service du Dr C. comme tous les autres personnages du roman. Pourtant Guy a bien constaté des comportements étranges et disproportionnés chez Alice Morin, dès le début de leur relation. Il n’était pas en mesure de les interpréter.

La petite Alice, Betty, Emile et madame Morin sont en fait une seule personne, Alice Morin qui souffre de TDI : des troubles dissociatifs de l’identité, qui prenne successivement de façon plus ou moins violente le contrôle de son esprit et de son corps : elle change soudain de personnalité, souvent sans aucun souvenir. Ces troubles sont associés à d’autres problèmes psychiques de l’humeur, avec un syndrome de stress post traumatique, ou des troubles alimentaires comme chez Betty. La cause est un traumatisme de la petite enfance : maltraitance ou agression sexuelle. Guy, le mari, est impuissant devant la violence qu’elle s’inflige parfois malgré les soins du Dr C. Le cauchemar est trop destructeur pour lui, malgré son amour inconditionnel : «Mystification, aliénation, machination, manipulation, mensonges, perversion». Il lui est impossible d’y faire face seul... Les troubles d’Alice peuvent évoquer la schizophrénie ou un état bipolaire, qui s’imbriquent souvent dans ces pathologies. Il est très difficile de soigner ces troubles dissociatifs de l’identité, connaître le degré de conscience des alters. Le système de défense construit par Alice pour combattre son trauma lui permet de mettre ses émotions à distance pour mieux les contrôler. On a l’impression tout au long du roman qu’Alice essaie désespérément de retrouver l’innocence originelle avant le crime commis sur elle...

On assiste aussi au transfert d’Alice vers son médecin qui la suit tout au long de sa carrière ; il la connaît depuis son adolescence, dès le début des troubles. Mais un certain contre transfert floute son travail. Il écrit dans un ouvrage, à la fin de sa vie : «Il est intéressant de constater que le phénomène de dissociation, que l’on impute au trauma est ici trans-générationnel. C’est en tout cas la constatation que j’ai faite lorsque le fils de ma patiente est devenu artiste dans un cabaret. A chacun sa résilience. On l’appelle Pamela dorénavant».


Eliane Mazerm
( Mis en ligne le 27/08/2021 )
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