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Le tourbillon de la vie
Michèle Lesbre   Boléro
Sabine Wespieser éditeur 2003 /  14 € - 91.7 ffr. / 128 pages
ISBN : 2-84805-007-1
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C’est le roman du souvenir du passage à l’âge adulte, et de blessures non cicatrisées. A l’adolescence, Emma passe deux étés chez Gisèle, dans la Loire. Gisèle, une amie de ses parents, soixante ans à peine et « la fraîcheur d’une jeune fille, une façon de bouger, d’être dans les nuages, de rire pour un rien, de s’émerveiller. » Tout le contraire des parents d’Emma, un couple qui part doucement à la dérive : « Mon père, depuis qu’il trompait ma mère comme je le sus beaucoup plus tard, continuait de l’emmener au bout du monde, sans doute pour se donner bonne conscience ou avec l’espoir qu’elle pût se perdre en pays inconnu. » En 1961, seule l’érection du mur de Berlin, et les larmes de Gisèle, viennent jeter une ombre sur le bonheur d’un premier été idyllique. Emma a treize ans et passe ses soirées avec Gary Cooper et Gisèle au Trianon, le cinéma du village. « C’était aussi le temps des confitures et des petits matins humides, assises au bord de l’étang, nos lignes posées sur des branches taillées et fichées en terre sur lesquelles les libellules atterrissaient pour souffler un peu. »

L’année scolaire suivante, Emma rencontre Fred et Paul au lycée. La guerre tourne au cauchemar en Algérie et à Paris. A l’âge où deux années d’écart entre des adolescents font un monde de différence, la conscience d’Emma s’éveille à la violence de celui qui l’entoure. « Les dîners familiaux se transformaient en foire d’empoigne. Je me mêlais désormais d’interrompre la revue de presse. Ma mère perdait pied. Elle pleurait et insultait les dieux. J’atteignais rarement le dessert, mon père m’expédiait dans ma chambre. » Fred et Paul, les grands frères initiateurs, les premiers amours aussi. L’été suivant, Emma le passera avec eux chez Gisèle. Mais un drame viendra briser la magie de ce trio à la Jules et Jim. Plus de trente ans plus tard, tous ces souvenirs reviennent, en une journée. Emma en eaux troubles, face à ses plaies, n’échappera pas au retour à soi.

L’écriture de Michèle Lesbre, dont c’est ici le septième roman, manque un peu d’ambition pour servir un thème aussi riche, mais exigeant, que la résurgence de blessures fondatrices. Qu’on en juge par la faiblesse de certaines images : « le monde avait la tiédeur de son sein, et aussi sa douceur », « la silhouette de Paul avait la fragilité des bonheurs fugitifs », « un mur [de Berlin] imbécile qui découpait la vie des gens comme un boucher tranche la viande ». Comme dirait l’écrivain flamand Hugo Claus, « quand on traite d’amour et de mort, il faut des mots à la hauteur de cette intensité » (Le Monde des Livres, 21/03/03). Le Boléro de Ravel, qui donne son nom au roman, est la musique du second été dans la Loire. Un leitmotiv un peu grossier, qui réapparaît sans cesse, et dont le parallèle entre sa montée en puissance dramatique et l’évolution de l’histoire n’est que trop souligné. Dès la page 55, l’auteur nous prévient : « […] c’est ainsi que se termine le Boléro de Ravel, on n’y peut rien. C’est une fin abrupte, sèche comme un abandon. » Ce court roman pose plus de questions qu’il n’apporte d’éclairages sur ce qui fait le terreau d’un être, et sur ce qui se joue à mesure que l’on s’éloigne d’un traumatisme pas digéré. Dommage que sa délicatesse nuise à sa force.


Anne Bleuzen
( Mis en ligne le 26/03/2003 )
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