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Littérature -> Romans & Nouvelles |
| Nicola Griffith Belle comme la nuit Calmann-Lévy - Crime 2003 / 20.90 € - 136.9 ffr. / 356 pages ISBN : 2702133924 Imprimer
Par une chaude nuit davril à Atlanta, un mystérieux incendie se déclare dans le quartier dImman Park, dans lequel périt lexpert en art Jim Lusk. À son arrivée, la police découvre dans le garage, miraculeusement épargnée par les flammes, une importante quantité de cocaïne et en conclut à un simple règlement de comptes entre dealers. Cest alors quentre en scène Aud Torvingen, ex-flic plus ou moins reconvertie en détective privé, passionnée darmes, de femmes et darts martiaux : une certaine Melle Lyons-Bennet (marchande dart et amie du défunt) a fait appel à ses services pour élucider la mystère de la mort de Lusk, à qui elle venait de confier pour expertise un tableau du peintre Friedrich, toile à lauthenticité douteuse. La jeune femme refuse en bloc la thèse de laccident ou du règlement de comptes et pense que sa découverte de la contrefaçon nest pas étrangère au meurtre de Lusk.
Lenquête mènera Aud à un banquier du nom de Honeycutt, qui blanchit de largent sale pour le compte du cartel de Tijuana et, à ses heures perdues, exerce un juteux trafic dobjets dart. Plongée au cur dun important réseau de corruption où tous les coups sont permis, lenquêtrice ne sera pas au bout de ses surprises.
Nicola Griffith signe là son premier roman traduit en français, dans lequel elle mêle habilement suspense et histoire damour, avec tous les ingrédients dun bon polar : héroïne aux multiples talents (jardinage, arts martiaux et jen passe), enquête aux nombreux rebondissements et quelques scènes damour savamment distillées. Mais voilà, une certaine Patricia Cornwell la déjà fait avant elle, et en bien mieux. Lauteur se perd en détails aussi inutiles quagaçants (vous apprendrez ainsi comment construire un rocking-chair, ce quest le Shuto Kaï ou encore la meilleure façon de planter des bégonias), noyant totalement son enquête. Enquête qui savère finalement nêtre quune gigantesque farce incompréhensible mêlant trafic dart, mafia et corruption, prétexte à mettre en scène une héroïne à fleur de peau, violente et révoltée, sans y parvenir vraiment.
Le personnage féminin ne suffit effectivement pas à sauver le reste : Aud Torvingen, que Griffith voudrait torturée, courageuse et forte, se révèle au final nêtre quune grande brute réactionnaire (malgré son saphisme affirmé) aux velléités de mercenaire. Avec au passage un discours moralisateur sur la nécessité de cultiver son corps et son esprit : Aud ne cesse de faire du sport et des étirements, ne fume pas et mange très équilibré, connaît sur le bout des doigts lhistoire du Yorkshire depuis le XIIe siècle et expose à qui veut lentendre la situation géopolitique actuelle de la Norvège. Sans nous épargner la traditionnelle pseudo-réflexion sur le « Danger », si chère aux grands paranoïaques états-uniens : «Le Danger [
] cest un barbare qui ne connaît que la violence», et un stoïcisme de supermarché : «La douleur nest rien de plus quun signal. Vous nêtes pas obligée de lécouter»,
cest dit !
Bref, Nicola Griffith nous décrit un monde apocalyptique, où lon est susceptible de se faire agresser à chaque coin de rue, ou mieux encore, détrousser par son propre voisin, la loi de la jungle faisant ici office de règle. Tout cela, soit dit en passant, non sans une fascination honteuse pour cette violence dénoncée. Cette Kay Scarpetta de pacotille ne convainc définitivement pas et finit par irriter le plus tolérant des lecteurs. Dommage
Océane Brunet ( Mis en ligne le 10/07/2003 ) Imprimer | | |
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