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L'amour double face
Régis Clinquart   Moins qu'une pute - suivi de Romance
Flammarion 2004 /  14 € - 91.7 ffr. / 126 pages
ISBN : 2-08-06-8589-9
FORMAT : 14 x 21 cm
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Dans chacun des deux textes qui composent son dernier livre, mal à propos baptisés « récits », Régis Clinquart interpelle avec passion la femme aimée. Dans le premier, c'est M***, l'ex désormais haïe. Dans le second, il s'agit de Romane, le nouvel objet de son désir.

Puisque M*** l'a quitté, notre Régis lui écrit sa lettre de rupture, une mise au point vacharde, qui se veut au sens premier du terme, un règlement de comptes. Au lieu de lui adresser cette lettre, comme le ferait tout un chacun, il choisit de la rendre publique, puisque, dit-il, «publier fait désormais partie de ma "tradition" intime comme le meilleur moyen que j'ai trouvé de passer celles qui me trahirent par les armes». Ce sera Moins qu'une pute, au titre infiniment plus provocateur que son contenu.

L'intérêt de l'exercice ? Pour l'auteur, intimement concerné et visiblement en colère, on comprend qu'il est de trois ordres : «Une occupation, un petit livre ou une haine, ou les trois à la fois». Une occupation ? Se distraire de la rupture, au sens pascalien du terme. Un petit livre ? La poursuite d'une jeune carrière d'écrivain par l'ajout, fut-il modeste, d'une brique à l'édifice littéraire commencé avec Apologie de la Viande. Une haine ? Profiter à plein du fameux effet cathartique, de la saignée salutaire que constitue le déballage intime en grand, comme on vomit le trop-plein d'un repas. Et ce faisant, remettre corps et esprit à disposition pour une prochaine aventure (… le Romance de la deuxième partie).

Pour le lecteur, le bénéfice est moins évident. Tous ceux qui ont vécu une rupture amoureuse (c'est à dire chacun de nous ?) y retrouveront quelque chose de leur expérience personnelle. A cet égard, le style nerveux de Clinquart, ses apostrophes à la femme traître, transcrivent bien le caractère universel de certaines interrogations fondamentales : pourquoi ce qui a marché doit cesser un jour ? Pourquoi la rupture ? Et plus essentiellement, la vaine question rétrospective (mais ô combien humaine) : à quoi tout cela a-t-il servi… si c'est pour ne déboucher sur rien ? «Mais que sont-ils ces moments, si ce ne sont que des moments ? Rien, c'est de la merde, nada, utilisé, consommé, à jeter». Malgré la proximité du thème, le propos semble un peu court. A l'occasion, on éprouve l'impression d'être légèrement voyeur. Et il est quand même difficile, malgré des notations pertinentes, d'éprouver une véritable extase littéraire.

Sur les cinquante pages qui suivent, le Clinquart libéré de M*** déclare sa flamme (amour et désir) à Romane… qui, hélas, ne peut ou ne veut la partager avec lui. Au travers de paragraphes courts, d'apostrophes, de petits morceaux de confessions intimes, plus ou moins anecdotiques, la déclaration d'amour de Romance vire à l'ambigu. L'impétrant, lassé, jette son dévolu (à moins que ce ne soit l'inverse) sur une sémillante quadragénaire batave qui pratique le sexe comme un rite païen.

Parue déjà dans Bordel, un recueil de nouvelles consacré à la «jeune génération», Romance présente moins d'intérêt que le premier volet du livre. Clinquart y confirme son penchant pour le narcissisme sexuel et le nombrilisme impudique, postures littéraires à la mode. Avec les mêmes limites que s'impose sans s'en apercevoir cette littérature du moi-je : décomplexée et moderne, certes, mais répétitive et manquant d'ambition. Le sexe et le nombril sont deux intéressantes et universelles préoccupations. Mais elles ne suffisent pas toujours à faire de grands livres.


François Gandon
( Mis en ligne le 12/05/2004 )
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