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Emma par-delà l’Oural
Dmitri Bavilski   Les Mangeurs de pommes de terre
Gallimard - Du Monde Entier 2004 /  21 € - 137.55 ffr. / 300 pages
ISBN : 2-07-072837-4
FORMAT : 14x21 cm
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Lidia Albertovna coule une vie plus que paisible à force d’ennui et de routine entre ses fonctions au musée local (surveiller les croûtes hollandaises dont une étude du tableau de Van Gogh qui donne son nom au roman) et une vie de famille atone : un mari compositeur, un fils dans l’adolescence. Jusqu’à ce qu’elle tombe dans les bras d’un ami du fiston, par ailleurs voleur de plaquettes au même musée, Danila.

La liaison pimente alors la vie de la quinquagénaire, tout comme la présence de l’oeuvre du grand peintre sort la ville russe de sa torpeur provinciale : deux trames tressées ensemble de main de maître par Dmitri Bavilski qui signe ici un premier roman, point de départ d’une carrière littéraire confirmée là-bas, naissante et prometteuse chez nous.

Car outre un style enjoué, sautillant, toujours empreint d’une ironie délicieuse, l’auteur donne à voir aux Européens que nous sommes, aveuglés dans l’œil du cyclone occidental, que notre culture est cousine d’autres qui lui ressemblent, qui veulent lui ressembler ou cherchent en tout cas sa reconnaissance. L’éternel débat entre le tropisme vers l’Ouest et l’attachement aux valeurs et codes d’une «slavité» protéiforme, dont tout écrivain russe est marqué, semble-t-il, bon gré, mal gré… Un étrange entre-deux, une situation qui peut pousser à chercher ce qui fonde l’universel. La quête est ici, peut-être, révélée par ces chapitres en aparté, dans lesquels l’auteur égrène «Ce que nous appelons "Automne"», «Ce qui nous semble aujourd’hui archaïque», «En quelles catégories se divisent les hommes», «Ce qui fait plaisir», etc.

Lidia «bovarise» dans cette ville oubliée, que l’auteur nous restitue avec les reflets d’une occidentalité évidente, signifiée brillamment par la présence de la fameuse toile. Mais les mangeurs de pommes de terres, ce sont aussi les terreux, les provinciaux, les délaissés… «A Bricabratsk, l’illusion de l’esthétisme est le premier degré de défense contre la médiocrité de l’existence, une réaction spontanée contre la rudesse de la vie, contre sa pollution, sa poussière, sa pâleur. Comme on est condamné à rester dans son trou, on se réfugie dans la lecture de la presse occidentale, on écoute une musique sophistiquée, surtout pas celle que diffuse les stations FM du matin au soir.» (p.117) Car il y a Occident et Occident et les McDo, chansons pop et offensives marketing polluent, à Bricabratsk aussi, la défense et l’illustration d’une culture plus intemporelle, faite de peintures hollandaises et de musique baroque ou romantique…

Voici un auteur à découvrir et suivre, dont on rangera les romans aux côtés de ceux de Makine, Nabokov ou, récemment publiée chez le même éditeur, Olga Slavnikova (L’Immortel. Histoire d’un homme véritable).


Bruno Portesi
( Mis en ligne le 14/02/2005 )
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