L'actualité du livre Vendredi 29 mars 2024
  
 
     
Le Livre
Littérature  ->  
Rentrée Littéraire 2021
Romans & Nouvelles
Récits
Biographies, Mémoires & Correspondances
Essais littéraires & histoire de la littérature
Policier & suspense
Classique
Fantastique & Science-fiction
Poésie & théâtre
Poches
Littérature Américaine
Divers
Entretiens

Notre équipe
Essais & documents
Philosophie
Histoire & Sciences sociales
Beaux arts / Beaux livres
Bande dessinée
Jeunesse
Art de vivre
Poches
Sciences, écologie & Médecine
Rayon gay & lesbien
Pour vous abonner au Bulletin de Parutions.com inscrivez votre E-mail
Rechercher un auteur
A B C D E F G H I
J K L M N O P Q R
S T U V W X Y Z
Littérature  ->  Romans & Nouvelles  
 

Un petit Paris entre amis
Juliette Kahane   Métropolitains
Gallimard - Blanche 2005 /  18 € - 117.9 ffr. / 256 pages
ISBN : 2070773264
FORMAT : 14 x 21 cm
Imprimer

Deuxième roman de Juliette Kahane, Métropolitains retrace la journée et la soirée d’une dizaine de citadins, personnages tout en nuances, qui se souviennent, se croisent une ou plusieurs fois, s’ignorent, se cherchent, se parlent ou s’aperçoivent, tout simplement, au cœur de l’underground parisien. Autour de Chantal, ex-chanteuse surnommée Chant, puis Song par son amant, conductrice de métro, gravitent Renée, sa fille, toquée d’un mystérieux pickpocket, son amie Djemila, femme de ménage joyeuse et son petit frère Ahmed, apprenti terroriste, sa mère Belle, ancienne pianiste virtuose, son amant Joseph, ou encore Coralie, marchande de journaux, mère tendre et incompréhensive de Georges, étudiant ethnologue rêveur et timide, Henriette, comptable poète et complexée, etc.

Organisé en chapitres aux titres laconiques – chacun relate les aventures d’un personnage en particulier -, ce livre dresse une galerie de portraits chatoyants, mais aussi et surtout le descriptif sans concession ni cynisme d’un héros peu ordinaire : le Métropolitain. Juliette Kahane prend le temps de nous le dévoiler comme nous avons peu l’occasion de l’imaginer, au travers des pérégrinations de femmes et d’hommes de tous âges, de toutes conditions, usagers familiers ou occasionnels du métro. Le lecteur suit et s’attache à ces humains défaillants et perfectibles, tendres et rugueux. On écoute leurs états d’âmes comme autant de confidences, reconnaissant parfois dans leurs récits le passage - bref comme une vision fugitive ou plus long - d’un autre personnage. On plonge dans les méandres de leurs souvenirs, de leurs regrets, de leurs projets, comme dans ceux du métro, revenant parfois à la surface de la ville comme à la réalité, au moment présent.

Comme les pièces d’un puzzle qui s’emboîtent, on rencontrera un prétendant au suicide à la veste de velours bleu qui, plumé par Joseph au poker, sera sauvé in extremis par Song, ou encore un couple d’américains huppés qui se fait voler par le tzigane dont s’éprend Renée… L’écriture de l’auteur joue avec les mots et suit avec empathie le fil de ses protagonistes, argotique pour Goldwen et Mayer, les deux clochards, avec une ponctuation minimaliste pour Renée après sa folle course, et passant du « je » au « il » ou au « elle » selon l’instant et les personnages.

On respire avec eux l’odeur du métal chaud et du désinfectant de Djemila, on écoute la musique du violon tzigane, le grincement du frein sur les rails ou la plainte incessante de Goldwen, on entr’aperçoit la veste de velours bleu, un toit de Paris et on dévisage la Pisseuse de Joseph, à l’instar de celles de Picasso ou Rembrandt, on ressent la promiscuité de la cheville de Kazan contre celle de Renée, on goûte la bière de Georges... Roman tout à la fois olfactif, visuel, tactile, sonore, Métropolitains offre un festival des sens en 250 pages. Comme Renée, surnommée l’Observatoire, on apprend à regarder, « observer les gens, les gestes qu’ils font sans même s’en rendre compte et quand ils oublient qu’ils ne sont pas seuls, ou parfois les dévisager, les regarder fixement pour voir comment ils vont réagir ».

Douce, chaleureuse, parfois cruelle, Juliette Kahane offre à ces anonymes seuls, incompris, abandonnés, un instant d’éternité, léger comme un poème de Henriette. Un petit Paris entre amis pour connaître ou reconnaître le sombre cœur d’une ville mythique.


Fanny Lescarcelle
( Mis en ligne le 09/05/2005 )
Imprimer
 
SOMMAIRE  /  ARCHIVES  /  PLAN DU SITE  /  NOUS ÉCRIRE  

 
  Droits de reproduction et de diffusion réservés © Parutions 2024
Site réalisé en 2001 par Afiny
 
livre dvd