| Julian Davies Le Garçon Actes Sud - Antipodes 2005 / 19.50 € - 127.73 ffr. / 198 pages ISBN : 2-7427-5398-2 FORMAT : 12x22 cm
The Boy (2003), traduit de l'anglais (Australie) par Céline Schwaller. Imprimer
Marian, entre deux âges, belle et adulée, est une chanteuse de jazz dans lAmérique des années 50
Une belle fleur, au parfum entêtant, aux contours carnivores. Parce quelle est surtout fragile, quelle traîne quelques fantômes avec elle, une tante australienne, vraie matrone aristocrate, des amants à la pelle, surtout un, connu trop jeune
Dans la rue, elle remarque le garçon, peut-être adolescent, en tous les cas jeune homme
Très vite, la relation sinstalle, qui commence par un hébergement, se poursuit en amitié, et finit dans lextase menaçante dinstants amoureux, charnels, câlins, et lébauche dun couple, étrange, mais convaincant
Lui, taciturne, fort comme un homme, maladroit comme un enfant, se nomme Zimzam et a connu ses propres drames : sa famille a péri dans un incendie domestique, tuant légitimement un père violent, emportant aussi une mère victime et un frère adoré
«Elle dut se rappeler que les gamins étaient des caméléons. Ils avaient treize ans un moment, trente-trois ans linstant suivant» (p.76). Deux écorchés vifs qui décident de vivre ensemble, qui sapprennent, construisent tant bien que mal le squelette dun modus vivendi, Lauren Bacall samourachant dun gavroche
Le narrateur choisit le point de vue féminin. Cest à travers Marian quest perçue cette histoire, avec ses propres doutes, les séductions ressenties : se pavaner avec un gamin pour bousculer un peu son quotidien, retrouver dans cette chair juvénile le tremblement dun orgasme, commencer à aimer et que sinstallent les premiers doutes, jouer avec le feu dune relation insolente
«Elle eut un aperçu de lhomme quil deviendrait. Un homme que, très probablement, elle ne verrait jamais. Cela se passerait ainsi.» (p.133)
Julian Davies, dune plume en effet féminine, rend parfaitement ces états dâme. Le garçon est un bloc doù rien ne perce
Tout passe par Marian, jusquaux instants damour où ce sont ses transes que lauteur retranscrit joliment, dun érotisme original et maîtrisé
Bruno Portesi ( Mis en ligne le 11/07/2005 ) Imprimer | | |